Alexis Clairaut (1713-1765)

Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765)


21 mai 1740 (1) : Clairaut rapporteur :
M[essieu]rs Clairaut et Le Monnier fils ont parlé ainsi sur une nouvelle théorie d'artillerie par M[onsieu]r du Lacq.

Nous avons examiné par ordre de l'Académie un ouvrage intitulé, Nouvelle theorie sur le mechanisme de l'artillerie par M[onsieu]r du Lacq [(Dulacq 41)], capitaine dans le regiment d'artillerie du roy de Sardaigne, et commandant des écoles de campagne du même corps à Turin. Cet ouvrage est divisé en trois parties. Dans la premiere on traite de l'inflammation de la poudre et de sa force. L'auteur l'examine premierement lorsqu'elle s'enflamme en plein air, et il donne plusieurs experiences assez curieuses, par exemple il fait voir qu'un tas de poudre enflammera toujours un autre tas de poudre si la distance qui est entre eux n'excede pas 8 fois le diametre du 1er tas de poudre enflammé. Il considere ensuite la force de la poudre par rapport aux obstacles qui la compriment en s'opposant à la dilatation de la flamme. Il tire de ses principes des formules generales pour trouver la vitesse avec laquelle le boulet est chassé lorsque toute la poudre qui est dans le chambre du canon est enflammée, lorsque le boulet commence être chassé, et lorsque l'inflammation totale ne se fait qu'après que le boulet a commencé de se mouvoir dans la volée.

L'auteur examine aussi les formes les plus avantageuses des chambres. Il trouve que pour les mortiers, c'est la spherique, et pour les canons, c'est la cilindrique un peu arrondie dans le fond en forme d'entonnoir. Il fait voir la necessité de se servir de la poudre la plus forte qu'il soit possible, parce qu'une moindre quantité pouvant faire le même effet qu'une plus grande de poudre mediocre, la charge n'est pas si longue, et l'inflammation peut être plus facilement totale avant que le boulet commence a [partir], ce qui est un grand avantage, sans compter que les pièces n'ont besoin [...] que d'une moindre longueur.

L'auteur donne encore differentes recherches curieuses sur les fourneaux des mines. Il trouve par exemple que les excavations des terres, lorsque la matiere est homogene, est en forme de paraboloïde. Il démontre que les rayons des entonnoirs peuvent exceder de beaucoup la distance du fourneau au niveau de la terre qu'on doit faire sauter, ce que les anciens [maîtres] avoient cru impossible.

Dans la seconde partie M[onsieu]r du Lacq traite du jet des bombes, il [donne] d'une façon assez simple et même nouvelle à plusieurs égards, les formules [des] inclinaisons sous lesquelles il faut placer le mortier pour [frapper] tous les [objets] soit au niveau de la bat[t]erie, soit au dessus ou en dessous. Et comme ces formules quelques simples qu'elles soient peuvent être incommodes pour les artilleurs, l'auteur donne un instrument qui nous a paru fort simple, pour montrer au canonier la parabole que doit décrire sa bombe, pour frapper le point donné.

Après avoir fait ces recherches en supposant comme à l'ordinaire que tout le mouvement se passe dans le vuide, il considére le mouvement dans le plein ; mais comme les methodes employées par les sçavants jusqu'à present pour trouver la ballistique dans les milieux resistants seroient inapplicables dans la pratique par leur complication, M[onsieu]r [du Lacq] a recours à d'autres principes qui ne sont pas si démontrez, mais [qui ne] nous ont pourtant pas paru s'ecarter beaucoup de la verité pour la [...] qu'il considére, du moins doivent ils valoir beaucoup mieux pour la [pratique] que l'abstraction totale qu'on fait ordinairement de la resistance du [plein]. Et l'on doit être obligé à un auteur, qui en travaillant sur une [matière] aussi importante, la met à la portée des gens pour qui elle est faite, [et qui] sont en état de faire des experiences pour la perfectionner.

Dans la troisieme partie M[onsieu]r du Lacq examine l'effort d'une [bombe?] sur une voute tant par rapport à l'angle d'incidence sur le [voussoir?] que par rapport au point de la surface de la bombe qui frappe ce [voussoir]. Il fait voir qu'on doit se servir pour les magasins à poudre des voutes en plein cintre et spheriques preferablement aux voutes en berceau. [Il fait] plusieurs observations sur l'ébranlement des voutes par les chocs, et sur [la] resistance que peut opposer le massif de la maçonnerie dont elles sont couvertes.

Dans le dernier chapitre on trouve la mechanique du pointement et l'usage des pieces selon les differentes occasions et les accidents qui peuvent arriver avec la maniere d'y remedier, et beaucoup d'autres reflexions [qui] ne peuvent que tendre à la perfection de l'artillerie (PV 1740, f. 97-98r).

Gallica

Fontenelle donne un extrait du rapport le 25 mai (cf. 25 mai 1740 (1)).

Clairaut avait également nommé censeur de (Dulacq 41) (cf. 19 mai 1740 (1)).
Abréviation
  • PV : Procès-Verbaux, Archives de l'Académie des sciences, Paris.
Référence
Courcelle (Olivier), « 21 mai 1740 (1) : Clairaut rapporteur », Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765) [En ligne], http://www.clairaut.com/n21mai1740po1pf.html [Notice publiée le 7 septembre 2009].