Le mardi nous nous sommes rendus à Pello nous n'avons pas pu toujours aller sur la glace du fleuve, elle était trop inégale dans les cataractes ; il y avait même quelques fentes très considérables ; nous avons été obligés de traverser quelquefois les bois. Nous y avons trouvé trois familles de Lapons, qui étaient venus y dresser leurs cabanes. Ces cabanes sont formées de plusieurs perches, hautes de 12 à 15 pieds, posées par un bout sur le terrain, où elles forment ensemble un cercle large d'environ 12 pieds : ces perches par l'autre extrémité se réunissent toutes en haut, et forment un cône. Ils étendent sur ces perches quelques haillons, et quelques peaux de rennes, qui n'en couvrent qu'une partie. Le haut est entièrement découvert, et sert de cheminée pour le feu qu'ils font au milieu de cette espèce de tente : ils passent là leur hiver, très mal vêtus, et couchent souvent dans la neige. Quand ils veulent changer d'habitations, ils emportent leurs haillons et leurs peaux de rennes, et laissent leurs perches toutes dressées ; ils en trouvent d'autres partout dans les forêts. Nous avons vu plusieurs de ces cabanes qui avaient déjà été abandonnées. Une des trois familles que nous avons trouvées, était d'environ douze personnes ; les deux autres n'étaient que de cinq ou six. Quand nous avons été chez notre hôte de Půraïnen, nous avons trouvé sa cour toute pleine de Lapons, avec leurs traîneaux pleins de marchandises, c'est-à-dire de morue et autres poissons secs, et de peaux de rennes. Ces pauvres Lapons couchaient au milieu de la cour, par un froid très violent, dans quelques-uns de ces traîneaux qui étaient vides ; nous y vîmes même un enfant qui n'avait peut être pas un an (Outhier 44, pp. 154-155).
Courcelle (Olivier), « 26 mars 1737 (1) : Torneå – Pello », Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765) [En ligne], http://www.clairaut.com/n26mars1737po1pf.html [Notice publiée le 28 novembre 2008].
