Alexis Clairaut (1713-1765)

Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765)


27 avril 1745 (1) : Clairaut (Paris) écrit à Cramer :
Vous êtes charmant, mon cher Monsieur, avec vos raisons pour excuser votre paresse ; des égards pour les plaisirs que nous donnent la convalescence du Roi et le mariage de M. le Dauphin ! Mon dieu que vous avez bonne opinion des philosophes de Paris, il est vrai qu'ils ne le sont guère et surtout moi.

J'ai vu votre M. Bousquet qui me paraît un très galant homme. Il m'a remis le livre des Isopérimètres de M. Euler [(Euler 44a)], mais je ne sais plus si c'est à vous ou à M. Euler que j'en suis redevable. Quand ce serait à vous, la reconnaissance ne me pèserait point, non que je regarde le présent comme mince, mais parce que j'ai du plaisir à être obligé de ceux que j'aime, et il y en a peu que je mette en parallèle avec vous.

Vous avez raison d'imaginer que M. de La Condamine est parmi nous. Il a sans doute ramassé beaucoup de faits curieux et il nous en lira une partie à la rentrée. Je ne saurais m'empêcher de les approuver de n'avoir rien mesuré de l'équateur, ces sortes d'opérations sont très longues et très difficiles, et je crois que l'on n'en retirerait pas un avantage proportionnel à la peine. Premièrement, si on [ne] mesurait qu'un degré, il faudrait sûrement le mesurer sur le méridien et non l'équateur, puisque ce dernier seul ne déciderait rien au lieu que le premier suffit. De plus, si l'on en mesure plus d'un, je crois qu'on tirera toujours plus de certitude de mettre toute sa peine à mesurer le méridien qu'à la partager entre le méridien et l'équateur. Au reste, quand même cela n'aurait pas été inutile, s'ils ont été neuf ans et demi pour le méridien, jugez ce qu'ils auraient été pour les deux.

La grande nouvelle scientifique ici, c'est le départ de M. de Maupertuis qui est revenu de Berlin pour demander son congé en France. Il s'établit en Prusse en qualité de président de l'Académie de Berlin avec 12 000 # d'appointements. Vous me parlez du P. Jacquier. Il y a déjà quelque temps que je n'ai reçu de ses nouvelles. Il sera cet été à portée de vous car le roi de Sardaigne se l'attache. Je serai charmé de l'avoir plus près de nous aussi car je ne connais rien de plus aimable que lui. J'aurai un sensible plaisir si nous pouvions passer quelque temps tous trois ensemble.

Je suis avec l'attachement le plus sincère et le plus vif, mon cher Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur Clairaut.

Paris, 27 avril 1745 (Speziali 55).
Clairaut répond à une lettre perdue de Cramer.

Sa dernière lettre à Cramer remontait à celle d'août de l'année précédente (cf. Août 1744 (1)).

La réponse de Cramer est perdue.

Clairaut réécrit à Cramer le 19 octobre 1746 (cf. 19 octobre 1746 (1)).
Références
Courcelle (Olivier), « 27 avril 1745 (1) : Clairaut (Paris) écrit à Cramer », Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765) [En ligne], http://www.clairaut.com/n27avril1745po1pf.html [Notice publiée le 13 avril 2010].