Alexis Clairaut (1713-1765)

Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765)


2 octobre 1738 (2) : Clairaut (Paris) écrit à Stirling :
Monsieur,

En cas qu'un mémoire [C. 17] sur la figure de la Terre que j'envoyai de la Laponie à la Société royale [le (3 mars 1737) 20 février 1736], soit parvenu jusqu'à vous et que vous l'ayez daigné lire, vous y aurez reconnu plusieurs théorèmes dont vous aviez donné auparavant les énoncés, parmi les belles découvertes dont est rempli un morceau que vous avez inséré dans les Transact[ions] Philosoph[iques] de l'année 1735 ou 1736 [(Stirling 35-36)]. Vous aurez peut-être été étonné que, traitant la même matière que vous, je ne vous aie point cité. Mais je vous supplie d'être persuadé que cela vient de ce que je ne connaissais point alors votre mémoire, et que si je l'eusse lu je me serais fait autant d'honneur de le citer que j'ai ressenti de plaisir lorsque j'ai appris que je m'étais rencontré avec vous.

Depuis le temps où j'ai donné cette pièce, j'ai poussé mes recherches plus loin sur la même matière, et j'envoie actuellement mes nouvelles découvertes [C. 18] à la Société royale [cf. 2 octobre 1738 (1)]. Après vous avoir fait ce récit, Monsieur, et vous avoir prié d'excuser la liberté que j'ai pris de vous écrire sans avoir l'honneur d'être connu de vous, oserais-je vous demander une grâce, c'est de vouloir bien jeter les yeux sur mon second mémoire que Mr Mortimer vous remettra si vous le daignez lire.

Ce n'est pas seulement l'envie d'être connu de vous qui m'engage à vous prier de me faire cette grâce, mais c'est que j'ai appris par un ami qui a vu à Paris un géomètre anglais appelé M. Robbens [Benjamin Robbins (1707-1751) NDM] que vous aviez depuis peu travaillé sur la même matière.

Je souhaiterais donc extrêmement de savoir si j'ai été assez heureux encore pour m'être rencontré avec vous. Si au contraire je m'étais trompé je vous serais infiniment obligé de me le dire franchement afin que je m'en corrigeasse. Quoi qu'il en soit si vous daignez me donner quelques moments, vous aurez bientôt vu de quoi il est question, et si mon mémoire m'attire une réponse de vous, je serai charmé de l'avoir fait parce qu'il y a déjà longtemps que je souhaite d'être en liaison avec vous. Quelqu'envie que j'en aie, ne croyez pourtant pas, Monsieur, que je sois assez indiscret pour vous importuner souvent par des lettres inutiles pleines de simples compliments. Mr Mortimer pourra vous dire quelle est ma conduite à son égard. J'en userai de même avec vous si vous me le permettez. En attendant j'ai l'honneur d'être avec estime et respect, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur Clairaut.

À Paris le 2 octobre 1738

P. S. En cas que vous veuillez me faire réponse, il faudra avoir la bonté de remettre votre lettre à Mr Mortimer. Si vous n'aimez [pas] à écrire en français, je déchiffre assez d'anglais pour entendre une lettre [cf. 17 mai 1765 (2)], et quand ma science en cette langue ne suffirait pas, j'aurai facilement du secours (Tweedie 22, pp. 176-177).
Le (6 novembre) 26 octobre 1738 (2), Stirling, qui a parcouru C. 17, demande une copie de C. 18 à MacLaurin ainsi que son sentiment sur les deux mémoires, lui-même manquant de motivation. Mais deux ans plus tard, MacLaurin n'est toujours pas en mesure de lui envoyer C. 18 (cf. (17) 6 décembre 1740).

Clairaut et Stirling passeront pour les premiers à avoir prouvé que l'hypothèse de Newton sur la figure de la Terre était juste (cf. (3 mars 1737) 20 février 1736, 6 juillet 1747 (1)).

Clairaut dans C. 7 avait travaillé sans le savoir sur un problème de Daniel Bernoulli qui avait été soumis à Stirling par son cousin Nicolas I Bernoulli (cf. 31 juillet 1736 (1)).
Abréviations
Références
Courcelle (Olivier), « 2 octobre 1738 (2) : Clairaut (Paris) écrit à Stirling », Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765) [En ligne], http://www.clairaut.com/n2octobre1738po2pf.html [Notice publiée le 10 juillet 2009].