(17 juillet 1739) [6 juillet 1739] : Delisle (Petersbourg) écrit à Celsius :
Depuis ma grande lettre du 1 aoust de l'année derniere [cf. (1 août 1738) [21 juillet 1738]] dont vous m'avez accusé la reception, j'ai reçu trois des vôtres en date du 16 aout [cf. (27) 16 août 1738] et 22 sept[embre] 1738 [cf. (3 octobre) 22 septembre 1738], et en dernier lieu du 29 mars de la presente année. Avec les deux dernieres j'ai reçu l'exemplaire imprimé de la reponse [(Cassini 38a)] que M. Cassini a faite a votre dissertation contre la mesure de la Terre [(Celsius 38)]. Je vous renvoie cet exemplaire, en aiant reçu un autre de France, de la part de M. Cassini. [...] Dans la seconde et derniere lettre que vous m'avez envoiée de M. Le Monnier, il se plaint que je l'aie accusé d'entreprendre une histoire céleste sans le consentement et l'aide de M. Cassini, à quoi il ajoute qu'il a lu son projet dans l'Academie, et que puisque l'Academie y a consenti, je juge bien que M. Cassini y consent aujourd'hui etc. Cette lettre est du mois d'aoust dernier [recopiée à la suite de celle du 12 mai [cf. 12 mai 1738 (2)]. Dans la premiere qu'il m'avoit écrite en date du 12 mai 1738 [cf. 12 mai 1738 (2)], il m'avoit mandé que le projet, lorsqu'il a été lu dans l'Academie, avoit été approuvé de tout le monde, hormis de M. Cassini qui n'a pas dit un seul mot, et qui ne paroissoit pas content d'un tel ouvrage ; que je dois bien en imaginer la raison, etc. Jugez, M[onsieur], si sur ce premier exposé, je n'avois pas raison de penser que cet ouvrage se faisoit sans la participation de M. Cassini. Je n'ai pas cependant fait semblant d'approuver cette mesintelligence que M. Monnier m'exposoit si clairement ; mais pour m'en assurer d'avantage, et pour savoir ce que l'on pouvoit esperer de M. Cassini, j'ai cru devoir temoigner ma surprise, qu'il ne fut point chargé de l'execution de ce projet qui ne se pouvoit cependant bien faire sans lui ; à quoi j'ai ajouté que quoique je fusse fort en etat d'y contribuer, je ne le ferois que lorsque je saurois que M. Cassini ne s'y voudroit point employer. J'ai marqué ensuite à M. Le Monnier de quelle maniere je croiois que cette collection devoit etre faite pour le mieux. J'aurois souhaité qu'il eut lu ma lettre à l'Academie, mais il n'a pas jugé à propos de le faire : ainsi je ne sais dans quel sentiment l'Academie est à mon égard à ce sujet. Cependant j'ai reçu peu après des lettres de M. le comte de Maurepas et de M. du Fay qui etoit l'année derniere directeur de l'Academie, qui m'invitent de la part de l'Academie à lui envoier les observ[ations] que j'ai faites à Paris avant mon départ pour ce païs ci : mais j'ai pris un autre parti qui m'a paru le plus convenable, qui est de les faire imprimer ici sous mes yeux, dans un recueil à part, sous le titre de Mémoires pour servir à l'histoire et au progrès de l'Astronomie, de la Geographie et de la Physique. Il y a déja un vol[ume] d'imprimé, dont je vous enverrai incessamment un exemplaire, à la lecture duquel vous jugerez aisément des raisons qui m'ont fait prendre ce parti. Je l'enverrai aussi en France à ceux à qui il convient, par où j'apprendrai peut être le jugement que l'Academie ne portera. Je vous prie cependant de vouloir bien me mander sincerement ce que vous en apprendrez de ceux avec qui vous êtes en correspondance à Paris : mais je vous prie principalement de vouloir bien me dire comment avance l'Histoire celeste de M. Le Monnier, si vous continuez à recevoir de ses lettres. [...] Depuis que j'ai reçu de M. de Maupertuis l'exemplaire qu'il m'a envoié de ses operations en Suede [(Maupertuis 38a), cf. 2[6] mai 1738], je lui ai écrit, mais je n'en ai point encore reçu de réponse ; cependant j'ai été fort surpris de voir dans les Mem[oires] de l'Acad[émie] des sciences de Paris, que j'ai reçus complets jusqu'à la fin de l'année 1735, que les mesures faites sur les paralleles de la France, et dont les dernieres sont rapportées dans ce dernier tome, que ces 3 mesures, dis-je, s'accordent avec l'hypothese de la Terre allongée vers les poles. Je ne sai[s] pas ce qui été fait depuis en France, mais [...], que l'on peut toujours repeter en France tant que l'on voudra, continuent toujours à prouver toujours la même hypothese, on trouvera aussi apparemment en même tems le veritable denouement, c'est a dire la veritable raison pour laquelle ces operations ne s'accordent pas avec ce que vous avez trouvé en Suede. Si vous avez connoissance de ce qui s'est fait en France sur cela depuis l'année 1735, vous m'obligeriez beaucoup de m'en faire part. Je ne sais que ce qui en a été marqué dans la gazette françoise d'Amsterdam du 21 avril 1739 à savoir que dans l'assemblée publique du 8 avril 1739, M. Cassini le fils y lut le détail des operations faites en 1737 et 1738 pour pousser la ligne meridienne dans les parties de la France les plus meridionales, y tracer des paralleles et déterminer la situation des lieux qui sont dans les intervalles, particulierement celle des côtes, qu'il y a joint le détail des nouvelles operations qu'on se propose de faire pour consommer entierement l'ouvrage, le rendre en même tems plus exact et utile et mieux connoître la difference des degrés du Nord au Midi, afin que ces operations jointes à celle qui ont déja été faites sous le Pole et a celles que l'ont fait encore sous l'equateur, concourent à déterminer plus précisément la figure de la Terre. Voilà ce que marque la gazette : si vous en savez davantage, faites moi le plaisir de me l'apprendre, en attendant que j'en sois informé de Paris (AN, mar, 2 JJ 65, 46).
Abréviation
AN : Archives nationales.
Références
Cassini (Jacques), Réponse à la dissertation de M. Celsius sur les observations faites pour déterminer la figure de la Terre, Paris, 1738 [12 mai 1738 (2)] [(27) 16 août 1738] [Plus].
Celsius (Anders), De observationibus pro figura telluris determinanda in Gallia habitis, Upsaliae, 1738 [(25) 14 mars 1738] [12 mai 1738 (2)] [Plus].
Maupertuis (Pierre-Louis Moreau de), La figure de la Terre déterminée par les observations de MM. de Maupertuis, Clairaut, Camus, Le Monnier, de l'Académie royale des sciences, et de M. l'abbé Outhier, correspondant de la même Académie, accompagnés de M. Celsius, professeur d'astronomie à Upsal, faites par ordre du Roy au cercle polaire, Paris, 1738 [Télécharger] [3 septembre 1735 (1)] [18 juin 1736 (1)] [Plus].
Courcelle (Olivier), « (17 juillet 1739) [6 juillet 1739] : Delisle (Petersbourg) écrit à Celsius », Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765) [En ligne], http://www.clairaut.com/npo17juillet1739pfco6juillet1739cf.html [Notice publiée le 5 août 2009].
