10 mars 1748 (1) : Clément (Paris) écrit à ses lecteurs :
Le Mémoire sur l'attraction [C. 33a], dont vous avez ouï parler, est de M[onsieu]r Clairaut, qui nous en fit la lecture à la dernière assemblée publique de l'Académie des sciences [cf. 15 novembre 1747 (1)]. Il ne s'agit effectivement pas de moins que d'attaquer le grand Newton dans le fondement de son système de l'univers, non dans le principe de l'attraction, mais dans la loi qu'il en a établie, et de déterminer une autre loi suivant laquelle ce même principe satisfasse à tous les phénomènes. Le savant mathématicien, sûr de l'incapacité de la plupart de ses auditeurs, ne jugea pas à propos de leur communiquer ses preuves ; il en a réservé le détail pour les assemblées particulières de l'Académie, et pour le public en corps complet. Si Newton n'est pas infaillible, et qu'il soit permis d'y regarder après lui, de quoi vous étonnez-vous, Monsieur ? Connaissez-vous personne aujourd'hui en Europe qui soit plus capable de cet examen que M[onsieu]r [Il a reconnu en 1749 qu'il s'était trompé ; et M[onsieu]r Euler a aussi enfin trouvé le système de Newton à peu près d'accord avec la nature NDA] Clairaut ? Serait-ce M[onsieu]r Euler ? Il y travaille aussi ; il a eu les mêmes doutes sur cette partie de la théorie newtonienne. Quand on pense que Newton n'a démontré la loi dont il s'agit que pour le cas où la planète est ronde, et composée de parties semblables, ou de couches sphériques homogènes, et que rien n'est moins connu que l'exacte figure des planètes et la nature de la matière sont elles sont composées, on ne doit pas être surpris de la différence qui se trouve quelquefois entre l'observation et le résultat du calcul (Clément 54, vol. 1, pp. 33-35).
C'est la première fois que Clairaut apparaît dans les Cinq années littéraires de Pierre Clément. Lors de l'édition en volume de ces lettres, Clairaut en sera souscripteur (p. [3]) tout comme d'Alembert, Madame du Boccage, Godin, Kœnig, Maupertuis, d'Holbach, la marquise de Pompadour (2 ex. !), l'abbé Prévôt, le roi de Pologne, Trudaine de Montigny et bien d'autres. La souscription était d'une guinée ou d'un louis d'or si l'on en croit un projet de souscription de 1753 reproduit dans le vol. 1. Il y est également indiqué : On a reproché à l'auteur que le prix de son livre était trop haut des deux tiers, ce qui est très vrai (Clément 54, vol. 1, non paginé).
Clément (Pierre), Les cinq années littéraires, 4 vol., La Haye, 1754 [6 avril 1743 (1)] [Plus].
Courcelle (Olivier), « 10 mars 1748 (1) : Clément (Paris) écrit à ses lecteurs », Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765) [En ligne], http://www.clairaut.com/n10mars1748po1pf.html [Notice publiée le 21 juin 2010].
On a reproché à l'auteur que le prix de son livre était trop haut des deux tiers, ce qui est très vrai (Clément 54, vol. 1, non paginé).