Alexis Clairaut (1713-1765)

Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765)


22 août 1761 (1) : Les sœurs Planström : déposition Saint-Louis :
[En marge : 34e [témoin], r[écolé], c[onfronté] au s[ieu]r de Bragelongne]

Mathurin Le Breton, dit Saint Louis, garçon tailleur, agé de quarante ans, demeurant a Paris, rue du Temple, p[aroi]sse Saint Nicolas des Champs [...] depose [...] qu'il n'a connu le s[ieur] de Bragelogne que lorsqu'il est venu voir la dame de Saint Aubin chez qui le deposant étoit en service, qu'il fut fort surpris un jour en allant lui ouvrir la porte qu'il voulut lui mettre la main dans la culotte et s'amuser avec luy en lui disant qu'il y avoit plus de plaisir d'homme a homme et que les femmes n'etoient que des coquines, que le deposant rejetta aussi loin qu'il devoit une proposition aussi abominable, que le deposant a entendu le s[ieur] de Bragelogne proposer a sa maitresse des amants et de faire des parties carrées, elle avec son amant, et luy avec la dame de Pelletot sa maitresse, que le deposant a entendu dire au sieur de Salle [cf. 29 avril 1761 (2)], valet de chambre dud[it] s[ieur] de Bragelogne, qu'il avoit vû son maitre couché avec laditte dame de Pelletot, que le s[ieur] de Bragelogne a proposé une seconde fois au deposant de s'amuser avec luy, mais que le deposant en ayant averty sa maitresse en la priant d'y mettre ordre, elle avoit fait deffendre sa porte aud[it] s[ieur] de Bragelogne [...] [A requis salaire taxé trente sols] (AN, Y 10237, dossier Planström, pièce 1).
L'information se poursuit avec la déposition de Antoine-Frédéric Capon (cf. 22 août 1761 (2)).

Le 5 novembre, lors du récolement :
[Mathurin Le Breton, dit Saint Louis] ajoute qu'il n'a pas entendu luy même le s[ieu]r de Bragelonne proposer à sa maitresse de faire des parties quarrées, mais qu'il a seulement ouy dire que le s[ieu]r de Bragelonne avoit fait cette proposition à sa maitresse (AN, Y 10237, dossier Planström, pièce 20).

Le Breton dit Saint-Louis ne sera pas confronté à la demoiselle de Planström (AN, Y 10237, dossier Planström, pièce 21).

Le même jour, lors de la confrontation avec le comte de Bragelongne :
L'accusé a dit pour reproches que le temoin a esté sollicité avant son assignation pour deposer et dire des faussetés contre lui, accusé, qu'il a esté boire et manger avec le s[ieu]r de Pelletot, le s[ieu]r Beaussolle [cf. 31 mars 1761 (1)] et Berlimont [cf. 15 avril 1761 (4)] a la Courtille où a esté concertée sa deposition, et que le temoin est un homme sans feu, sans azile, dans la plus haute misere, n'ayant d'autre condition que de servir les jeux d'hazard et les femmes prostituées, nottament la S[ain]t Aubin [cf. 9 mai 1761 (3)] qui est connüe pour telle, se reservant aux faits justificatifs de produire d'avantage de reproches, n'en ayant proposé d'autres pour le present.
Le temoin repondant aux reproches a dit qu'il convient s'estre trouvé a la Courtille il y a deux mois et demi, trois mois avec les s[ieur]s Pelletot, Belelcourt et un autre particulier assés âgé dont il ne sçait le nom, que les s[ieur]s de Pelletot et de Bellecour sont venus un matin chez lui en disant qu'ils vouloient lui donner de l'ouvrage comme habits et culottes a raccommoder, qu'il n'a pas esté parlé de l'accusé ny de la d[am]e de Pelletot, que c'est quinze jours apres qu'il a rencontré lesd[its] s[ieu]rs de Pelletot et Bellecourt a la Courtille et la trois[ièm]e [...] qu'ils sont entrés au cabaret du Faucheur lesd[its] s[ieu]rs de Pelletot, de Bellecour, ledit particulier asgé et lui témoin ; que dans le cabaret il a esté bû une pinte de vin, mais qu'il n'y a pas esté question du s[ieu]r de Bragelonne ni de la d[am]e de Pelletot, qu'il n'a pas esté sollicité de deposer ny avant ny apres l'assignation, qu'il n'a deposé que sur l'assignation qui lui a eté donnée et dont il n'avoit esté prevenu que trois semaines ou un mois auparavant par le le s[ieu]r de Bellecour qui vint seul chez lui un jour et lui dit, il y a plus de trois mois que je vous cherche, je vous feray assigner dans quinze jours ou trois semaines, plus ou moins, dans une affaire terrible contre le s[ieu]r de Bragelonne, qu'au reste le s[ieu]r de Bellecourt n'a pas excité lui, temoin, a faire aucune deposition contre l'accusé, qu'ainsy il denie a cet egard le reproche, qu'il denie pareillement avoir jamais servi les jeux d'hazard, qu'il a esté au service de la d[am]e S[ain]t Aubin, qu'il ne sçait pas si c'etoit une f[emm]e entretenüe, qu'il n'est pas un homme sans feu et sans azile, qu'a la verité il est pauvre mais qu'il a sa femme, qu'il est etabli a son etat de garçon tailleur, et ne se met dans le service que quand il est sans ouvrage.
A quoy a esté repliqué par l'accusé que le temoin a declaré il y a quelques jours a Maitre [Mol Delurieux ?], avocat au Conseil, que les sieurs Bellecourt, de Pelletot et Berlimont que l'accusé reconnoit à la designation qu'en fait le temoin, l'ont beaucoup sollicité à se trouver à la Courtille pour le faire deposer contre lui, accusé, qu'il y avoit longtemps qu'ils le cherchoient, et que le temoin avoit dit aux sollicitations de ces trois particuliers, qu'il n'etoit pas de son etat de frayer avec des personnes comme eux, à quoy l'un des trois particuliers avoit repondu que l'on estoit tous egaux et sans ceremonie, et qu'il falloit aller boire ensemble ayant quelque chose de consequent a luy communiquer.
Sur quoy a esté repliqué par le temoin qu'il n'a pas fait pareille declaration a Me [Mot Delurieux], qu'il est vray qu'il a esté, il y a quelques jours chez Mme [Mol Delurieux] qui lui donne quelques fois de l'ouvrage, qu'il a seulement dit aud[it] s[ieu]r [Delurieux] s'estre trouvé à la Courtille avec le s[ieu]r de Bellecourt, et autres, mais n'en a pas dit d'avantage aus[it] s[ieu]r [Delurieux]
[Lecture déposition et récolement]
L'accusé a dit que la deposition du temoin n'est qu'une calomnie, que sa figure et sa carcasse demontrent l'horreur, l'execration et la fausseté d'une pareille deposition et de son faux temoignage, contre lequel il se reserve de se pourvoir (AN, Y 10237, dossier Planström, pièce 22).

Le témoin est également évoqué dans le factum du comte de Bragelongne (cf. [Décembre] 1762 (2)) et celui de la demoiselle de Planström (cf. [Décembre] 1762 (1)).
Abréviation
  • AN : Archives nationales.
Courcelle (Olivier), « 22 août 1761 (1) : Les sœurs Planström : déposition Saint-Louis », Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765) [En ligne], http://www.clairaut.com/n22aout1761po1pf.html [Notice publiée le 24 juin 2012].