Alexis Clairaut (1713-1765)

Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765)


2 avril 1761 (5) : Les sœurs Planström : déposition Boccard :
[En marge : 13e [témoin], r[écolé], c[onfronté] aux deux [accusés]]

Marie Euphrasine Castins ditte Bocard, fille agée de vingt six ans, demeurante a Paris, rue de Grenelle, quartier S[ain]t Germain des Prez, p[aroi]sse S[ain]t Sulpice [...] dépose [...] qu'il y a plusieurs années qu'elle a demeuré avec la dame de Pelletot, que pendant le tems qu'elles ont demeuré ensemble, elle n'a point vû lad[ite] dame de Pelletot s'ecarter des bornes de la pudeur et de la bienseance, ny vivre en mauvais commerce avec personne ; qu'elle ne s'est separée d'avec elle a plusieurs reprises que par l'incompatibilité de leurs humeurs ; qu'il est vray que des les commencemens qu'elle a fait connoissance avec le s[ieu]r de Bragelogne, elle a dit a la deposante et a plusieurs autres personnes, que le premier jour qu'elle l'avoit vû chez la dame Servandoni [cf. 2 avril 1761 (4)], il l'avoit reconduit chez elle et y etoit resté jusqu'à quatre ou cinq heures du matin, sur quoy la deposante lui fit meme a ce sujet plusieurs representations ; qu'un jour que la deposante soupoit chez lad[ite] dame de Pelletot, rue de la Comedie, elle vit led[it] sieur de Bragelogne et elle se faire beaucoup de caresses, ce qui l'a scandalisé a un tel point qu'elle se retira dans la cuisine, et les ayant laissés seuls les entendit se lever ; que la deposante donnant un diner un des jours du carnaval de l'année d[erni]ere, et y ayant invité lad[ite] dame de Pelletot, elle demanda a la deposante la permission d'y amener avec elle le s[ieur] de Bragelogne, a quoy la deposante consenty en lui disant qu'elle suposoit qu'il ne pouroit rien venir que de bon de sa part ; qu'un autre jour etant chez la d[ame] de Pelletot, led[it] sieur de Bragelogne, qui ne sait rien respecter, y tint les discours les plus libres, les plus indecens et meme impertinens, et que c'est ce qui a determiné la deposante a prier lad[ite] d[am]e de Pelletot de ne plus revenir chez elle et a ordonné qu'on lui refuse la porte ainsy qu'aud[it] sieur Bragelogne [...] [N'a requis salaire] (AN, Y 10237, dossier Planström, pièce 1).
L'information se poursuit avec la déposition de Jean-Mathieu Pinte (cf. 3 avril 1761 (1)).

Le mercredi 18 nouvembre, lors du récolement :
[Marie-Euphrasine Castin] ajoute que le terme de caresse dont elle s'est servy dans sa deposition est un peu trop fort, n'ayant vû lad[it]e de Pelletot et s[ieu]r de Bragelonne prendre entre eux aucune liberté, mais seulement se donner des coups d'œil assez familiers, qui firent qu'elle temoin, se retira dans la cuisine (AN, Y 10237, dossier Planström, pièce 20).

Le même jour, lors de la confrontation avec la demoiselle de Planström :
[Aucun reproche]
[Lecture déposition et récolement]
L'accusée a dit qu'elle n'a jamais avoüé à la temoin que le s[ieu]r de Bragelonne estoit resté avec elle jusqu'a quatre a cinq heures du matin le premier jour qu'elle l'avoit veu chez la d[am]e Servandony, et qu'elle n'a jamais laissé prendre aucune liberté au s[ieu]r de Bragelonne à son egard, que si elle a donné des coups d'œil familiers au s[ieu]r de Bragelonne, c'estoit sans aucune intention criminelle de sa part.
La temoin en persistant dans ses deposition et recollement qu'elle soutient veritable, a dit qu'elle croit avoir entendu dire par l'accusée en presence de la d[am]e Servandony que le sieur de Bragelonne estoit resté avec elle jusqu'a cinq heures du matin, mais que jamais elle n'a reconnu rien de reprehensible dans la conduite de l'accusée, et qu'il est à sa connoissance qu'une servante n[omm]ée Suzanne Ussenot n'a cherché partout qu'a decrier l'accusée et a lui reprocher toutes sortes d'horreurs dont elle temoin ne sçait rien personnellement (AN, Y 10237, dossier Planstrom, pièce 21).

Le même jour, lors de la confrontation avec le comte de Bragelongne :
L'accusé a dit pour reproches que la temoin est une fille prostituée depuis longtemps, ayant esté anciennement servante du n[omm]é Berlimont [cf. 15 avril 1761 (4)], ensuite de la dame de Pelletot, qu'elle a esté sollicitée et subornée par le s[ieu]r de Pelletot dans l'esperance d'une recompense et de pouvoir epouser un de ses fils avec lequel elle a eû des enfans, qu'elle est actuellement entretenüe de plusieurs en ayant meme voulu seduire lui, accusé, pour l'engager a l'entretenir, que tout ce qu'elle peut deposer ne peut estre que recrimination d'avoir appris que la d[am]e de Pelletot avoit revoqué une donation a elle faite chez Me Robinot, notaire, par lad[it]e d[am]e de Pelletot, laquelle donation estoit faite en faveur du pretendu mariage qu'elle esperoit faire avec le fils naturel du s[ieu]r de Pelletot et dont le contrat a esté fait, et est encore chez led[it] Robinot, n'a proposé d'autres reproches.
Le temoin répondant aux reproches a dit qu'elle n'es pas une fille prostituée, qu'elle convient qu'elle a eû une faiblesse pour le fils du s[ieu]r de Pelletot, et qu'elle a eû de lui un enfant, qu'elle convient qu'il a esté question de son mariage avec le fils du s[ieu]r de Pelletot, mais que jamais elle n'a fait aucune proposition indecente à l'acccusé, et que si l'accusé n'etoit pas plus coupable qu'elle, il ne seroit pas en prison, convient aussi du contrat de mariage et de la donation, mais observe que la d[am]e de Pelletot a esté plus juste que l'accusé, et qu'elle n'a pas osé dire ce qui n'est pas, qu'elle, temoin, ait esté servante de la d[am]e de Pelletot, du s[ieu]r de Bralimont et d'aucuns autres, denie le surplus des reproches.
[Lecture déposition et récolement]
L'accusé a dit que la deposition de la temoin n'est fondée que sur des oüies dire, et que cette deposition ne se rapporte pas avec les depositions de Suzanne Ussenot et d'Euphrazie Boucry, toutes deux servantes, ce qui fait voir la fausseté de ce que ces servantes ont deposé, qu'au surplus il n'a jamais fait de caresses illicites à la d[am]e de Pelletot (AN, Y 10237, dossier Planström, pièce 22).

Le témoin est également évoqué dans le factum du comte de Bragelongne (cf. [Décembre] 1762 (2)) et celui de la demoiselle de Planström (cf. [Décembre] 1762 (1)).
Abréviation
  • AN : Archives nationales.
Courcelle (Olivier), « 2 avril 1761 (5) : Les sœurs Planström : déposition Boccard », Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765) [En ligne], http://www.clairaut.com/n2avril1761po5pf.html [Notice publiée le 10 mai 2009].