Alexis Clairaut (1713-1765)

Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765)


4 avril 1761 (1) : Les sœurs Planström : déposition Carillon :
[En marge : 16e [témoin], r[écolé], c[onfronté] aux deux [accusés]]

M. Philippe Carillon, agé de dix neuf ans, gagne deniers, dem[euran]t a Paris, rue du Bacq, paroisse S[ain]t Sulpice [...] dépose [...] qu'il n'a aucune connoissance des faits [portés en ladite plainte], qu'il est bien vray qu'il a servy a demenager la dame de Pelletot de la rue de la Comedie a la rue de Grenelle, et a l'emmenager dans cette d[erni]ere reue, que c'est le sieur de Bragelogne qui l'a employé a ce demenagement, qu'il a vû frequemment lad[it] s[ieur] de Bragelogne et beaucoup d'autre monde chez lad[ite] dame de Pelletot, mais ignorant ce qu'ils y faisoient, ayant entendû dire qu'ils donneroient a jouer a des jeux deffendus, qu'il a aporté des lettres cachetées a lad[ite] dame de Pelletot, et a porté ses reponses pareillement cachetées a l'hotel de Modene, mais ne sait rien personnellement de leurs intrigues, ayant seulement entendu dire que c'etoit des gens qui ne valoient pas grand chose [...] [A requis salaire taxé vingt sols] (AN, Y 10237, dossier Planström, pièce 1).
L'information se poursuit avec la déposition de Antoine Achard de la Roche (cf. 4 avril 1761 (2)).

Le 18 novembre, lors du récolement :
[Philippe Carillon] ajoute q'un jour et dans le tems que la d[am]e de Pelletot demeuroit rue de Grenelle, luy, temoin, qui faisoit toutes les commissions et differents ouvrages chez la d[am]e de Pelletot, s'etant amuser a lier avec une corde un matelas dans une chambre qu'occupoit le nommé Desalle, valet de chambre du s[ieu]r de Bragelonne, dans la maison du marchand de vin qui tient le cabaret du gros raisin, susdite rue de Grenelle, a costé de l'appartement qu'occupoit la d[am]e de Pelletot, et demandant aud[it] Desalle [cf. 29 avril 1761 (2)], son valet de chambre, la clef de sa chambre, que comme c'etoit luy temoin qui avoit alors la clef du valet de chambre, parce qu'il etoit dans l'usage d'aller faire la chambre du valet de chambre, luy, temoin, remit luy meme la clef aud[it] Desalle, qui la remit ensuite au s[ieu]r de Bragelonne, et puis après luy, temoin, vit le s[ieu]r de Bragelonne et la d[am]e de Pelletot descendre de l'appartement de la d[am]e de Pelletot, et d'aller chez le march[an]d de vin dans la chambre dud[it] Desalle, dont le s[ieu]r de Bragelonne ferma la fenêtre et les volets, et lorsque luy, temoin, fut une demie heure apres pour chercher led[it] [...] du valet de chambre, le s[ieu]r de Bragelonne ayant depuis rendu la clef dud[it] Desalle son valet de chambre, luy, temoin, vit que le matelas sur lequel luy, temoin, avoit couché quelques fois dans lad[ite] chambre, et qu'il avoit lié avec une fisselle etoit défait et qu'il trouva par terre une vieille epee que led[it] s[ieu]r Bragelonne avoit sans doute laissé dans lad[ite] chambre (AN, Y 10237, dossier Planström, pièce 20).

Le même jour, lors de la confrontation avec la demoiselle de Planström :
[Aucun reproche]
[Lecture déposition et récolement]
L'accusée a dit que le recollement du temoin est une chose très fausse et supposée, n'ayant jamais esté secrettement avec le sieur de Bragelonne dans la chambre du [sieur] Desalle, que l'histoire que le temoin a ajouté a sa deposition est une histoire faite a plaisir, mais qu'a l'egard de la deposition du temoin, elle n'a rien a y repondre, attendu qu'elle est en partie composée d'ouÿs dire, et que si le temoin a porté et rapporté des lettes d'elle et du s[ieu]r de Bragelonne, il n'y a pas de mal a cela, puisque c'etoit pour les affaires dont le s[ieu]r de Bragelonne vouloit bien prendre le soin (AN, Y 10237, dossier Planstrom, pièce 21).

Le même jour, lors de la confrontation avec le comte de Bragelongne :
L'accusé a dit pour reproches que le témoin est dans une extreme misere, que c'est un de ceux qui a esté, ou que l'on a voulu suborner, et qui en a sollicité d'autres pour aller deposer contre lui, accusé, et nommement Marie Anne Bazin, a laquelle il a offert six francs, ou a promis de lui faire avoir six francs, se reservant a proposer d'autres reproches, n'en ayant proposé d'autres pour le present.
Le temoin repondant aux reproches a dit qu'il est un gagne deniers, qu'il est honnete homme, qu'il n'a pas esté suborné et qu'on a pas tenté de la suborner, qu'il n'a pas plus sollicité Marie Anne Bazin, qu'il faut mourir un jour [!], et qu'il ne lui a pas offert ny promis de lui faire avoir six francs, mais a dit que c'est au contraire l'accusé qui luy a envoyé deux chevalier de S[ain]t Louis dans la maison où il demeure pour le faire retracter de ce qu'il avoit dit, en lui exposant qu'il estoit sans doute un faux temoin et que s'il vouloit se sauver, il n'avoit qu'a aller chez un avocat qui demeure du coté de la rüe Saint Sauveur, ce que lui, temoin, n'a pas voulu faire, n'ayant deposé que la verité.
Et par l'accusé a esté repondu que le temoin est convenu au s[ieu]r [Duplessier ?], chevalier de Saint Louis en pleurant beaucoup d'avoir esté suborné par led[it] Dessale et sa f[emm]e et a pris ledit s[ieu]r [Dupplessier ?] de le mener chez un commiss[air]e pour declarer qu'il avoit esté effectivement suborné par le n[omm]é Dessale ou sa f[emm]e, ce qu'effectivement il a fait et declaré devant led[it] commissaire ou son clerc.
A quoy le temoin a repliqué qu'il a esté avec le chev[ali]er de S[ain]t Louis chez un commi[ssai]re de la rüe du Four où l'a mené ce chevalier de Saint Louis, qu'il n'a pas veu le comm[issai]re mais seulement son clerc, que là le chev[ali]er de S[ain]t Louis vouloit dire que lui, temoin, avoit esté suborné par Dessale ou sa f[emm]e, mais comme luy, temoin, n'a rien declaré ny pour ny contre, rien n'a esté ecrit, et il s'est retiré.
[Lecture déposition et récolement]
L'accusé a dit que la deposition et le recolement du temoin sont absolument faux, et qu'il n'est pas vraisemblable que le temoin ait jamais couché dans la chambre du valet de chambre puisqu'il y avoit le mary, la femme et l'enfant avec beaucoup de meubles qui etoient à luy, accusé, que d'ailleurs le temoin avoit son domicile autre part.
Le temoin a soutenu ses deposition et recolement veritables et a persisté a dire qu'il a couché sur le matelas, dont il est question par le recolement, dans la chambre du valet de chambre, et qu'il ne falloit pas tant de place pour son matelas, que d'ailleurs il y avoit tres peu de meubles dans cette chambre (AN, Y 10237, dossier Planström, pièce 22).

Le témoin est également évoqué dans le factum du comte de Bragelongne (cf. [Décembre] 1762 (2)) et celui de la demoiselle de Planström (cf. [Décembre] 1762 (1)).
Abréviation
  • AN : Archives nationales.
Courcelle (Olivier), « 4 avril 1761 (1) : Les sœurs Planström : déposition Carillon », Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765) [En ligne], http://www.clairaut.com/n4avril1761po1pf.html [Notice publiée le 27 mai 2009].