Alexis Clairaut (1713-1765)

Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765)


18 mai 1765 (1) : Pension de d'Alembert :
L'Accademie a appris la mort de M. Clairaut arrivée hier 17 [cf. 17 mai 1765 (1)] à l'occasion de quoi j'ai rendu compte à l'accademie de ce qui s'étoit passé en 1756 lorsque M. d'Alembert avoit été fait surnumeraire dans les classes de géométrie, et j'ai lu ce qui se trouve à ce sujet sur les registres, après quoi l'accademie ayant délibéré dans la forme ordinaire pour sçavoir si la place de M[onsieu]r Clairaut etoit vacante ou non, il a été décidé que M. le comte de S[ain]t Florentin seroit prié d'obtenir du Roi de faire passer M. d'Alembert de la classe de géometrie où il est pensionnaire surnuméraire dans la classe de mechanique et de vouloir bien informer l'accadémie des intentions de Sa Majesté (PV 1765, f. 241).

Gallica

Le 24 mars 1756 :
J'ai lu la lettre suivante de M. le le [!] comte d'Argenson écrite de Versailles le 21 de ce mois, adressée à M[onsieu]r Duhamel, directeur.
Je joins ici, M., un mémoire par lequel M[onsieu]r d'Alembert demande le titre de pensionnaire surnumeraire de l'Académie des sciences. Je vous prie de communiquer ce mémoire à l'Académie, et de m'informer du résultat de la déliberation qu'elle aura prise en conséquence pour que j'en rendre compte au Roy. Vous connoissez, M[onsieu]r, etc (PV 1756, p. 141).

Le 31 mars :
L'Académie ayant délibéré dans la forme ordinaire suivant les ordres du Roy qui lui ont êté adressé par M. le comte d'Argenson sur la proposition de M[onsieu]r d'Alembert, d'être fait pensionnaire surnuméraire dans sa classe, à condition de n'avoir ni pension, ni jettons jusqu'à ce que ses anciens soient placés, la pluralité des voix a êté pour lui accorder sa demande (PV 1756, p. 159).

Le 10 avril 1756 :
J'ai lu la lettre suivante de M. le comte d'Argenson, écrite de Versailles le 8.
J'ai, M., rendu compte au Roy de la délibération prise par l'Académie des sciences sur la demande que M[onsieu]r d'Alembert a faite d'etre nommé pensionnaire surnuméraire dans sa classe, et S. M. a bien voulu approuver le parti pour lequel la pluralité des voix s'est réunie, de lui accorder sa demande aux conditions portées par la délibération. Vous connoissez, M., mes sentimens etc (PV 1756, p. 181).

D'Alembert demande le soutien de Malesherbes (cf. 18 mai 1765 (3)), et s'entretient de l'affaire avec Voltaire (cf. 27 mai [1765], 28 mai 1765 (1)).

Un nouvelliste croit savoir que le Roi est mécontent des derniers ouvrages de d'Alembert (cf. 24 mai [1765]), de même que Diderot (cf. 1 juin 1765 (1)).

La décision du Roi se fait attendre (cf. 12 juin 1765 (1)).

D'Alembert résume la situation à Lagrange (cf. 18 juin 1765 (1)) et à Frisi (cf. 21 juin 1765 (1), 9 juillet 1765 (1)).

La Condamine remarque que d'Alembert n'est en général pas très assidu à l'Académie (cf. 17 juillet 1765 (1)).

D'Alembert tombe malade :
[Le 24 juillet 1765,] l'Académie ayant appris que M. d'Alembert étoit malade a chargé MM. Le chevalier Turgot, du Séjour et Pingré d'aller le voir de sa part (PV 1765, f. 326).

Diderot en rend compte à Sophie Volland (cf. [25 juillet 1765]).

La demande de d'Alembert est finalement examinée (cf. 3 août 1765 (1)), de Vaucanson et d'Arcy se portant également sur les rangs (cf. 6 août 1765 (1), 6 août 1765 (2), ce qui pousse le Roi à demander à l'Académie de délibérer (cf. 7 août 1765 (1)).

La Condamine résume l'affaire à Jean II Bernoulli (cf. 13 août 1765 (1)).

L'Académie choisit finalement d'Alembert (cf. 14 août 1765 (1)).

Les journaux et les nouvellistes croient un peu vite l'affaire gagnée (cf. 15 août 1765 (2), 20 août [1765], [8 septembre 1765]), ce qui entraîne une rectification de d'Alembert (cf. 28 septembre 1765 (1), 28 septembre 1765 (2), 28 septembre 1765 (3), 27 octobre [1765]).

L'agrément du Roi est officiellement rendu le 9 (cf. 9 novembre 1765 (1)) ou 10 novembre, ainsi que cela est annoncé à l'Académie le 16 (cf. 16 novembre 1765 (1)).

D'Alembert fait part de la nouvelle à Lagrange (cf. 28 décembre 1765 (1)), qui est aussi dans les journaux (cf. 4 janvier [1766]).

D'Alembert se plaint aussi qu'on ne lui pas donné la pension de Clairaut sur la marine (cf. 3 mars [1766]).

L'affaire dans la Clef du cabinet des princes :
M. d'Alembert, connu dans la république des lettres, a été sur le tapis de ce qu'il y a des gens qui connaissent ses talents en France et ailleurs. Auteur d'une brochure que la Destruction des jésuites en France, il l'est aussi, du moins on l'en soupçonne d'un autre ouvrage contre divers religieux, qui se répand dans le public depuis six mois et dont on fait une perquisition sévère. Outre une critique amère qu'il a essuyée à l'occasion de son premier ouvrage, il a été frustré d'une bonne pension qu'avait feu M. Clairaut, dont le nom fera un époque mémorable dans l'histoire des mathématiques. Elle lui a même été refusée, et d'une manière très sèche, quoique sollicitée par nombre de ses amis qui sont en dignité. Cependant cette pension manquée l'a mis au moment de point y survivre; ce qui fait voir que la philosophie de nos jours ne met pas l'homme au-dessus des évènements (La Clef du cabinet des princes, septembre 1765, pp. 206-207).

Clef (2) :
M. d'Alembert, dont nous avons parlé le mois passé, a enfin obtenu de l'Académie des sciences de Paris, avec l'agrément du Roi, la pension qu'avait feu M. Clairaut (La Clef du cabinet des princes, octobre 1765, p. 283).

D'Alembert :
M. d'Alembert est auteur d'un livre intitulé, De la destruction des jésuites en France, par un auteur désintéressé. Cet ouvrage, le seul qui ait été écrit avec impartialité sur cette affaire, produisit son effet naturel, il mécontenta les deux partis. Il parut au commencement de 1765 ; et peu de temps après la mort de M. Clairaut ayant laissé vacante dans l'Académie une pension à laquelle M. d'Alembert avait plus de droits qu'aucun autre de ses confrères, et par son ancienneté et par ses travaux, le ministre refusa constamment pendant six mois de mettre M. d'Alembert en possession de cette pension, quoique l'Académie l'eut demandée pour lui dès le lendemain de la mort de M[onsieu]r Clairaut, M. le comte de S[ain]t-Florentin [l'eut redemandée NDA] et [l'eut redemandée NDA] ensuite à différentes reprises. Le ministre céda enfin, quoique d'assez mauvaise grâce, aux remontrances de cet illustre corps, au cri public, et on peut même ajouter à celui de tous les savants de l'Europe, qui, indignés de la manière dont leur confrère était traité, s'en expliquaient ouvertement [dans les papiers publics]. Le roi de Prusse fit en cette circonstance plus d'effort que jamais pour attirer M. d'Alembert auprès de lui, mais quelque forte que fût la tentation, M. d'Alembert eut encore le courage d'y résister. Ce prince, loin d'être offensé d'un refus si constant et presque si opiniâtre, redoubla pour M[onsieu]r d'Alembert de bonté et d'intérêt, et l'aurait consolé par là, s'il avait eu besoin de l'être, de la manière dont on le traitait en France [M. d'Alembert avait été mieux traité par feu M. le comte d'Argenson, prédécesseur de M. de S[ain]t Florentin dans le département des académies. C'est à ce ministre qu'il fut redevable de la pension de 1200 # que le Roi lui accorda en 1756 sur le trésor royal ; il lui en témoigna publiquement sa reconnaissance en 1758 en dédiant à ce ministre la seconde édition du Traité de dynamique [(Alembert 58)], un an après sa retraite du ministère, et lorsqu'il n'y avait plus de grâces à en attendre. M. d'Alembert a toujours été plus jaloux de se montrer reconnaissant des bienfaits obtenus, qu'empressé d'en obtenir. Il n'a dédié ses ouvrages qu'au roi de Prusse, son bienfaiteur, et a deux ministres disgraciés, dont le second était le marquis d'Argenson, frère du comte d'Argenson, et qui honorait aussi M. d'Alembert de ses bontés. NDA] (d'Alembert, « Fragments d'un mémoire de d'Alembert sur lui-même ») (Passeron 05).
Abréviations
  • NDA : Note de l'auteur.
  • PV : Procès-Verbaux, Archives de l'Académie des sciences, Paris.
Références
  • Alembert (Jean Le Rond, dit d'), Traité de dynamique, 2e éd., Paris, 1758 [29 juillet 1739 (2)] [6 mars 1743 (1)] [Plus].
  • Passeron (Irène), « Le mémoire de d'Alembert sur lui-même », Recherches sur Diderot et sur l'Encyclopédie, 38 (2005) 17-31 [Télécharger].
Courcelle (Olivier), « 18 mai 1765 (1) : Pension de d'Alembert », Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765) [En ligne], http://www.clairaut.com/n18mai1765po1pf.html [Notice publiée le 13 mai 2013].