Alexis Clairaut (1713-1765)

Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765)


18 juin 1765 (1) : D'Alembert (Paris) écrit à Lagrange :
Mon cher et illustre ami, je ne vous parlerai guère aujourd'hui de géométrie, mais d'une injustice sans exemple que j'essuie et laquelle je vous laisse à faire vos reflexions.
Ornari res ipsa, contenta doceri.
Clairaut, qui vient de mourir [cf. 17 mai 1765 (1)], avait 9 000 à 10 000 francs de pension sur différents objets [cf. 17 mai 1765 (3)] ; on ne m'en a pas donné un sol [cf. 18 mai 1765 (1)]. Ce n'est pas de quoi je me plains : il y a longtemps que je suis accoutumé à de pareils traitements, et d'ailleurs je n'en ai rien demandé ; mais il laisse à l'Académie une pension vacante qui m'est dévolue de droit, comme au plus ancien : je ne parle point de mes autres titres. L'Académie des sciences, qui apparemment commence à craindre de me perdre, a écrit au ministre, sans que je l'en ai sollicitée, pour demander cette pension pour moi. Depuis un mois, le ministre ne fait aucune réponse, et ce qui prouve sa mauvaise volonté, c'est qu'il a répondu à l'Académie sur d'autres objets dont elle lui parlait fans la même lettre où il était question de moi. De quoi vous dire la cause d'un pareil traitement, je l'ignore et je crois qu'on y serait bien embarrassé. Je sais seulement que le ministre a dit que je venais de recevoir une pension de la czarine (ce qui est faux ; il n'en a pas seulement été question, et puis quand cela serait, voyez un peu la belle raison !). Il a ajouté que le Roi était très mécontent de mes écrits ; vous ne vous en seriez jamais douté, ni moi non plus ; aussi est-ce une fausseté : le Roi ne connaît point mes ouvrages, et,s'il les a lus, surtout le dernier sur la Destruction des jésuites, il n'a pu ni dû en être mécontent. […] Notez que, par des arrangements qu'il serait trop long de vous dire, cette pension de Clairaut, qui était de 3 000 francs et qui ne sera pour moi que de 1 000 francs, se réduit à moins de 400 francs ; c'est pour cet objet qu'on commet une injustice criante et absurde. Au reste je la vois comme je dois la voir ; elle n'a point pris sur ma santé, qui continue à être bonne] ; je n'ai pas même encore pris de parti. Je serais curieux de voir combien cela durera, car enfin il faudra que le ministre réponde oui ou non [...] J'aime assez le déchainement [à propos de la Destruction des jésuites] ; il m'amuse (Lagrange 67-92, vol. 13, pp. 38-40).

Gallica

D'Alembert avait écrit à Lagrange sur Clairaut le 16 octobre 1764 (cf. 16 octobre 1764 (1)), et lui réécrira sur la pension le 28 septembre (cf. 28 septembre 1765 (3)).
Référence
Courcelle (Olivier), « 18 juin 1765 (1) : D'Alembert (Paris) écrit à Lagrange », Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765) [En ligne], http://www.clairaut.com/n18juin1765po1pf.html [Notice publiée le 13 mai 2013].