Alexis Clairaut (1713-1765)

Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765)


[6 mars] 1748 : Clairaut écrit à Cramer :
M[onsieu]r l'abbé Sallier ne sauroit être de notre partie de lundy. Cela n'empechera pas qu'elle se tienne si vous voulés vous contenter de moi, mon cher Monsieur, pour vous presenter à M[onsieu]r d'Ancezune qui a grande envie de vous voir. Pour moi j'y dine dimanche et lundy pour ne manquer ni vous ni M[onsieu]r l'abbé Sallier qui a pris ce jour là. S'il vous etoit possible de prendre ce jour là aussi, j'en serois ravi ainsi que M[onsieu]r d'Ancezune.

Voyés donc si vous pouviés mettre de coté pour une fois seulement votre diner de Me Durumin sinon attendés moi lundy prochain nous irons ensemble dans une maison où vous etes desiré comme vous le devés être partout où l'on connoit le merite. En attendant demain ou lundy je vous embrasse de tout mon cœur.

Je vais faire ma lettre pour M[onsieu]r Calendrin [Calandrini] qui ne m'embarrasse nullement. C'est un galant homme, c'est lui qui est pour ainsi dire attaqué et il repond avec beaucoup de politesse. Voila un homme cela et non des gens qui sans etre du metier, sans avoir rien à y pretendre [rayé : demesler], ont cherché toutes les chicanes du monde pour me nuire. Je ferai à M[onsieu]r Calendrini [Calandrini] les sacrifices qu'il voudra si l'impression de mon dernier memoire le choque et même je ne comptois pas l'imprimer tel que je l'ai lû, mais je ne veux pas cependant qu'il croye que j'ai tort et que je ne pense pas ce que j'ai dit. Vous verrés ma lettre et je me flatte que vous en serés content. Je voudrois bien que vous examinassiés un peu plus l'affaire afin de ne pas juger comme Henri IV. Clairaut.

Ce samedy 6 [...] 1748

[Adresse] A Monsieur / Monsieur Cramer chés M[onsieu]r / le prince de Saxe Gotha / Rue de Richelieu presque vis a vis la rue S[ain]t Marc (BGE, DO autogr., 1984/34).
Le mois au cours duquel fut écrit cette lettre est illisible mais on pourrait y deviner « juin » qui aurait été remplacé par « mars ». Le personnel de la BGE l'a datée du « 6 juin (?) 1748 ».

« Juin » est doublement exclu, puisque la graphie ne comporte aucun « i » et que Cramer avait quitté Paris en mai déjà. Sur le manuscrit original examiné à la loupe, je lis « Mars » réécrit sur « Janv. ». Or le 6 janvier est bien un samedi. Se pourrait-il que Clairaut, dans sa distraction, ait daté sa lettre selon le calendrier de janvier, pour ne corriger après coup que le nom du mois en oubliant le jour de la semaine ? Dans cette hypothèse, la lettre serait du mercredi 6 mars 1748. Certes, quand le quantième ne colle pas avec le jour de la semaine, on trouve en général que le quantième est faux et le jour juste. Mais si cette lettre date du 2 mars, n'est-il pas curieux et insolite que Clairaut dise « dimanche » au lieu de « demain » (Jean-Daniel Candaux, CP, 3 mai 1999) ?

Cette hypothèse très pertinente est renforcée par le fait que Clairaut écrit sa lettre à Calandrini le 6 mars, faisant alors, décidément très distrait ce jour-là, une grossière erreur dans l'année (cf. 6 mars 174[8]).

La réponse à cette lettre est perdue.

Cramer reprend sa correspondance avec Clairaut peu après son retour à Genève (cf. 11 mai 1748 (1)).

André-Joseph d'Ancezune-Cadart de Tournon d'Oraison (1695-1767), appelé le marquis d'Ancezune jusqu'en 1751, puis duc de Caderousse après cette date, entre aux mousquetaires en 1715, se fiance le 25 février 1715 à Francoise-Félicité Colbert de Torcy, fille de J.-B. Colbert de Torcy, et se marie le 3 avril 1715. Diplomate puis militaire, il cesse le service en 1740 et suit son père à Sceaux près de la duchesse du Maine. Sa femme était, d'après Luynes et Saint-Simon, laide et très brune, mais agréable, coquette, parlant et contant bien, instruite et très pieuse. De santé délicate, amie et correspondante du cardinal de Fleury, pensionnée par Louis XV à partir de 1746, elle meurt le 28 avril 1749 (Amat 36).

La mort de la marquise d'Ancezune chagrinera Clairaut (cf. 2 février 1750 (1)).
Abréviations
  • BGE : Bibliothèque de Genève, Genève.
  • CP : Communication personnelle.
Référence
  • Amat (Jean-Charles Roman d'), « Ancezune (André-Joseph, marquis d'), duc de Caderousse (1695-1767) », Dictionnaire de biographie française, ? vol., Paris, 1932-, vol. 2, Paris, 1936, pp. 803-804.
Courcelle (Olivier), « [6 mars] 1748 : Clairaut écrit à Cramer », Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765) [En ligne], http://www.clairaut.com/nco6marscf1748.html [Notice publiée le 15 juin 2010].