Alexis Clairaut (1713-1765)

Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765)


11 mai 1748 (2) : Clairaut et Mlle Ferrand.
Élisabeth Ferrand (1700-1752), a friend not only of Condillac but of such other important eighteenth-century figures as Mably, Helvétius, Lacurne de Sainte-Palaye, Clairaut, Réaumur, Gabriel Cramer, and Levesque de Pouilly, resided in Paris in the aristocratic Faubourg Saint-Germain for nearly twenty years with the wealthy youg widow Antoinette-Louise-Gabrielle des Gentils du Bessay, comtesse de Vassé (1710-1768). Almost nothing has been known about her up until now, not even her first name or the place and date of either her birth or death. I hope to complete soon an extensive study, based entirely on new material, on this important female figure of the French eighteenth century whose career intersected, at time even rather dramatically, with the philosophical, scientific, and political life of the Enlightment. (See also chapter IX of my [(Bongie 77)]) (Bongie 78).
Mlle Ferrand est remerciée de façon appuyée par Condillac dans le « Dessein » du Traité des sensations pour sa contribution à l'ouvrage (Condillac 54).

M. Condillac avertit, dans la préface [du Traité des sensations], que ce qu'il y a de mieux appartient à Mlle Ferrand, qui lui a donné une idée de son ouvrage. Cette demoiselle était une personne de peu d'esprit, d'un commerce assez maussade, mais qui savait de la géométrie et qui a laissé un legs à M. de Condillac dans son testament (Grimm 77-82, décembre 1754, vol. 2, p. 204).

Cette épigraphe [de (Condillac 54)] est du choix de Mlle Ferrand, personne d'un mérite rare, philosophe et géomètre, morte il y a deux ou trois ans, et fort regrettée de notre auteur dont elle était l'amie intime, et de tous ceux qui l'ont connue. Si nous en croyons M. l'abbé de Condillac, Mlle Ferrand a une très grande part au Traité des sensations, et je ne sais si cet aveu fait plus d'honneur à elle ou à celui qui le fait. Ce qu'il y a de certain, c'est que l'introduction n'est pas la partie la moins intéressante du Traité. Notre philosophe en parlant de Mlle Ferrand, fait l'éloge de son propre cœur, et l'on aime à lire un auteur qui a le bonheur de connaître le prix de l'amitié (Grimm 77-82, 1 décembre 1754, vol. 2, p. 438).

Le malheureux prince Édouard, après être sorti de la Bastille, resta caché pendant trois ans à Paris, chez madame la marquise de Vassé, qui demeurait alors avec son amie, la célèbre mademoiselle Ferrand [L'abbé de Condillac lui doit l'idée ingénieuse de la statue qu'il a si bien développée, dans son Traité des sensations (note de Grimm).], à Saint-Joseph, au faubourg Saint-Germain. La princesse de Talmont, dont il était toujours fort amoureux, habitait la même maison. Il se renfermait pendant le jour dans une petite garde-robe de madame de Vassé, où il y avait un escalier dérobé par lequel il descendait la nuit chez la princesse, et le soir derrière une alcôve du cabinet de mademoiselle Ferrand. Il jouissait là tous, les jours, sans être aperçu, de la conversation d'une société fort distinguée. On y parlait souvent de lui, on en disait et beaucoup de bien et beaucoup de mal, et l'on se doutait bien peu du témoin caché devant qui l'on parlait. […] Nous tenons ce fait d'une amie très particulière de madame de Vassé (Grimm 77-82, novembre 1779, vol. 10, pp. 229-230).

Son portrait par Maurice Quentin de La Tour est conservé à l'Alte Pinakothek de Munich (Jeffares 13).

Clairaut connaît Mlle Ferrand depuis 1733 au moins (cf. 4 septembre 1733 (1)).

Elle apparaît régulièrement dans la correspondance entre Clairaut et Cramer (cf. 11 mai 1748 (1), Janvier 1750 (1), 2 février 1750 (1), 5 août 1750 (2), 14 septembre 1750 (1), 13 octobre 1750 (1)).

Selon elle, Clairaut a soutenu la tentative de faire nommer Cramer d'associé étranger (cf. 1 septembre 1748 (1)).

Elle rédige son testament et lègue à Clairaut un « meuble de damas jaune » le 8 février 1752 (cf. 8 février 1752 (1)).

Elle meurt le 3 septembre 1752, selon son inventaire après décès, en date du 11 septembre, conservé sous la cote (AN, MC, XCII, 578).

Enterrements. Du 5 septembre [1752] […] d'Élisabeth Férand, fille majeure de Pierre Férand, seigneur de Roulleau, décédée rue S[aint] Dominique, à S[aint]-Sulpice (Annonces, affiches et avis divers, 1752, p. 568).

Il faut en réalité lire « seigneur de Boulleau » (et non « Roulleau »), d'abord parce que la généalogie classique recense un Ferand, seigneur de Bouleaux, ensuite parce que les papiers posthumes de Mlle Ferrand mentionnent une dette liée à « sa terre des Boulleaux » (Jeffares 13).
Abréviations
  • AN : Archives nationales.
  • MC : Minutier central.
Références
  • Bongie (Laurence L.), « Diderot's femme savante », Studies on Voltaire and the eighteenth century, 166 (1977).
  • Bongie (Laurence L.), « A new Condillac letter and the genesis of the Traité des sensations », Journal of the history of philosophy, 25 (1978) 83-94.
  • Condillac (Étienne Bonnot de), Traité des sensations, à Madame la comtesse de Vassé, 2 vol., Paris, 1754.
  • Grimm (Adam Frédéric Melchior, baron de), Correspondance littéraire, philosophique et critique par Grimm, Diderot, Raynal, Meister etc...,, éd. M. Tourneux, 16 vol., Paris, 1877-1882 [Chronologie SA] [Maupertuis] [Plus].
  • Jeffares (Neil), « La Tour, Mlle Ferrand méditant sur Newton », Pastels and Pastellists, en ligne (30 mars 2013), 2013 [Télécharger].
Courcelle (Olivier), « 11 mai 1748 (2) : Clairaut et Mlle Ferrand », Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765) [En ligne], http://www.clairaut.com/n11mai1748po2pf.html [Notice publiée le 30 juin 2010, mise à jour le 30 mars 2013].