Alexis Clairaut (1713-1765)

Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765)


1 octobre 1752 (1) : Clairaut (Paris) écrit à Grischow :
Monsieur,

J'ai reçu avec toute la satisfaction possible l'obligeante lettre [perdue NDM] par laquelle vous me marquez la réception de mes tables [C. 41] et l'usage flatteur que l'Académie impériale veut bien en faire. Je serais très charmé je vous assure de les voir imprimées dans vos volumes, quelque tournure qu'on voulût prendre pour les y insérer, mais celle que vous me faites soupçonner est de toute la plus agréable et j'en serais infiniment reconnaissant. Quant aux additions que j'aurais suivant ce que vous me dites la liberté d'y faire avant le temps de l'impression, elles ne valent pas la peine de la retarder d'un moment, d'autant plus que je vous avais mandé dans ma lettre [cf. 21 juin 1752 (2)], le peu de préceptes à suivre dans mes tables avec un exemple.

Je vous supplie de vouloir bien dresser un petit avant-propos qui contienne la teneur de ce que je vous ai marqué à ce sujet, et de vouloir donner le tout à l'impression le plus tôt qu'il sera possible. Ne fissiez vous que mettre en latin les articles de ma lettre qui ont rapport à mes tables, cela suffirait puisque comme vous le sentez ce n'est pas le verbiage qui les rendra plus proche de la Nature.

J'avais eu l'honneur de vous prier d'en faire un exemple ou deux afin de voir si en les copiant je n'aurais pas écrit quelque signe ou - au lieu de le mettre en + ou commis de ces autres fautes assez grossières pour être aisées à apercevoir et à corriger, parce que vous me mandez, il me semble, que vous les avez suffisamment parcourues pour cela. Et l'idée que vous en avez conçue m'a fait extrêmement de plaisir. Mais en revanche je suis extrêmement fâché de la peine que vous voulez prendre de dresser les tables de mouvements moyens, surtout après que j'ai déjà pris cette peine de mon côté [Il ne semble rester aucune trace de Grischow, les « Tables des mouvements moyens » calculées par Clairaut sont insérées dans C. 41, pp. XV, 1-16 NDE]. C'est l'horrible dégoût qu'il y aurait eu à copier 15 ou 16 pages de chiffres qui m'a empêché de vous les envoyer. Je me repens actuellement de ne pas l'avoir vaincu... Comme vous m'avez marqué que vous vous étiez mis à les calculer, vous aurez vraisemblablement achevé avant le temps qu'il me faudrait pour faire cette copie et pour vous la faire tenir.

Vous me ferez un sensible plaisir de me marquer tant les remarques que vous aurez faites sur mes tables en les employant que celles que vous jugerez à propos de me communiquer de vos recherches sur la même matière. L'entreprise dont vous me parlez me parait très belle et très utile et l'Académie impériale voulant bien la protéger comme il le parait par la dépense qu'elle a fait d'un mural, je ne doute pas que la théorie de la Lune ne reçoive un grand jour de vos observations et de vos réflexions. Et si vous imaginez que je pusse vous fournir quelque secours par mes recherches, indiquez-moi les choses qui vous paraîtront les plus nécessaires et je m'y livrerai avec grand plaisir au travail qu'elles demanderont car personne ne désire plus que moi l'avancement de cette partie de l'astronomie.

Je n'ai rien à vous dire quant aux observations de M. de Lisle [Delisle], parce que je n'ai aucune idée précise de son exactitude, ni pour le temps qu'il était en Russie, ni depuis qu'il est de retour. Je m'étais adressé à lui avant d'avoir recours à M. l'abbé de La Caille pour avoir quelques observations sur la Lune, mais je n'en pus rien obtenir et n'en saurais par conséquent juger.

Je n'ai point entendu parler encore des exemplaires de ma pièce [C. 39] dont a été chargé M. le professeur Boerhave [Abraham Boerhaave, cf. (1 juillet) 20 juin 1752 (1)], sans doute qu'il n'a pas eu d'occasion pour les envoyer. En quelque petit nombre qu'ils soient, il y en aura toujours assez pour devoir beaucoup de reconnaissance à l'Académie impériale d'avoir bien voulu mes les envoyer, et je serai bien charmé de les voir arriver, mais ce que je désire encore plus que l'arrivée de ces exemplaires, c'est ceux qui sont adressés aux libraires pour le public, afin que tout ceux qui en peuvent être curieux en aient.

L'exemplaire qui m'est venu par la poste m'a fait beaucoup de plaisir [cf. 13 août 1752 (1)] et je vous suis bien obligé en vérité d'avoir pris autant de peine qu'a pu vous en donner la révision de calculs comme ceux là avec des imprimeurs non accoutumés à des pages aussi hérissées de chiffres et de caractères algébriques. Il y a une petite faute à l'article de l'inclinaison moyenne p. 79 lig[ne] 5 qui viendra sans doute du copiste car je me suis aperçu d'un chiffre équivoque dans ma copie originale qui aura pu tromper. C'est que l'inclinaison constante est marquée 5° 5' 9'' au lieu de 5° 9' 9'' (Et j'ai trouvé depuis que 5° 9' 20'' faisait encore mieux). Il y a bien encore quelques petites fautes comme p. 77 lig[ne] 9, en appliquant au lieu d'en soustrayant etc., mais cela ne vaut pas la peine de nous arrêter maintenant.

J'ai l'honneur de vous assurer qu'on ne peut être plus sincèrement et avec plus d'estime et de considération, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur Clairaut.

Paris, 1 [octo]bre 1752 (O IVA, 5, pp. 235-237).
La réponse de Grischow est perdue.

Clairaut réécrit à Grischow le 7 novembre 1754 (cf. 7 novembre 1754 (1)).
Abréviations
Référence
  • Euler (Leonhard), « Correspondance de Leonhard Euler avec A. C. Clairaut, J. d'Alembert et J. L. Lagrange », Leonhardi Euleri Opera Omnia, IV A, vol. 5, Ed. Juskevic A. P. et Taton R., Birkäuser, Basel, 1980 [4 mars 1739 (1)] [16 mai 1739 (1)] [Plus].
Courcelle (Olivier), « 1 octobre 1752 (1) : Clairaut (Paris) écrit à Grischow », Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765) [En ligne], http://www.clairaut.com/n1octobre1752po1pf.html [Notice publiée le 1 décembre 2010].