Alexis Clairaut (1713-1765)

Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765)


8 mai 1763 (1) : Clairaut (Paris) écrit à Boscovich :
Mon Révérend Père,

J'ai été charmé de voir que vous avez été content de mes recherches sur les nouvelles lunettes [C. 57, C. 58], et les réflexions qu'elles vous ont occasionné de faire m'ont fait beaucoup de plaisir. Comme je suis bien aise de donner aux amateurs tous les sujets d'émulation possibles sur cette matière, j'ai fait faire une traduction de votre morceau, et je vais l'imprimer dans le Journal des sçavans, imaginant bien que vous ne serez point fâché de l'y voir paraître [cf. [c. 15 avril 1763]]. Lorsque vous aurez des dissertations pareilles que vous destinerez au même usage, je vous prierai d'employer le moins de figures qu'il sera possible, parce que c'est un sujet de mécontentement pour l'imprimeur que je me trouve obligé d'apaiser en entrant dans les frais.

L'artiste qui a suivi ma théorie [[probablement de Létang, cf. Létang]], et est cause qu'elle a réussi dans la pratique, n'a point pour le présent de lunette prête, mais la première qui le sera, ce qui ne tardera pas je pense beaucoup, sera destinée pour le prélat dont vous me parlez. J'espère qu'il en sera content. Aucune de celle que mon homme a livrées n'a manqué de réussir, mais il faut avouer qu'il est bien longtemps à les exécuter, et que presque personne des artistes n'a pu réussir que lui tant il est difficile de faire des lentilles bien centrées et du foyer que l'on désire. La matière d'Angleterre est aussi très difficile à avoir bien pure. Je suis bien charmé que vous ayez mis en train le P. Liesganig à faire fondre des matières analogues au strass, s'il y réussit il rendra un grand service à la dioptrique. La réfraction moyenne de celui que j'ai eu d'Allemagne était d'environ 1. 65 comme celui que vous avez trouvé et de d m a peu près double de celui du verre ordinaire. Sa couleur est jaune verdâtre en bloc ; lorsqu'il est travaillé mince comme une lentille, on ne s'aperçoit guère de la couleur. Je m'imagine qu'à Venise où l'on a si bien travaillé les glaces et où il y a de bons artistes, vous vous serez amusé à faire quelques essais, vous me ferez grand plaisir de m'en parler ainsi que de vos autres objets de recherches. Mais je crois que je vous prierai de m'écrire désormais en latin, car malgré mes belles résolutions pour me mettre à l'étude de l'italien à chaque lettre que je reçois de vous, je ne puis trouver le temps d'exécuter mon projet. En quelque langue que vous m'écriviez, je vous supplie d'écrire le plus proprement que vous pourrez et d'éviter les abréviations, parce que je suis très mauvais déchiffreur.

J'ai fait vos compliments à tous les amis que vous me rappelez ; il n'y en a pas un qui ne se souvienne de vous avec plaisir. MM. de Montigny, Trudaine [Trudaine de Montigny] et M. et Mme du Boccage auxquels j'ai eu recours pour la traduction de vos lettres, ont été bien charmés de se voir citer particulièrement. Je m'entretiens très souvent de vous avec eux, ainsi qu'avec la calculatrice [Mlle Gouilly, cf. [c. juin] 1757 (2)] qui vous remercie de votre bon souvenir et vous fait mille compliments.

Je suis avec tout l'attachement et toute la considération possible, Mon révérend Père, votre très humble et très obéissant serviteur Clairaut.

Paris, 8 mai 1763.

[Adresse] Au Révérend, Révérend Père Boscovich, à la maison des jésuites, à Venise, Italie (Taton 96).
Clairaut répond à la lettre de Boscovich du [c. 15 avril 1763].

La réponse Boscovich est perdue.

Clairaut réécrit à Boscovich en [Novembre 1763].
Abréviations
Référence
Courcelle (Olivier), « 8 mai 1763 (1) : Clairaut (Paris) écrit à Boscovich », Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765) [En ligne], http://www.clairaut.com/n8mai1763po1pf.html [Notice publiée le 4 février 2012].