Alexis Clairaut (1713-1765)

Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765)


4 août [1759] : Clairaut (Paris) écrit à Daniel Bernoulli :
Enfin mon cher ami, il est donc décidé que vous n'irez point au rendez-vous que je vous avais proposé chez M. de Buffon, tant de sa part que de la mienne. Cette erreur de calcul pourra bien faire que je n'irai point non plus, car il ne me faut pas peu de choses maintenant pour me faire quitter mon manoir où je me plais beaucoup et où j'ai toutes mes petites commodités. J'aurai eu à la vérité mon enfant [Mlle Gouilly, cf. [c. juin] 1757 (2)] avec moi ce qui est le meilleur de mes meubles, mais comme je l'ai également ici, la peine d'aller et le défaut d'espérance de vous voir, pourront bien l'emporter sur les promenades de Bourgogne. Peut-être par la suite prendrai-je sur moi le double de cette promenade en allant jusque chez vous mais nous avons le temps de parler de cela. Dites je vous prie à votre amie que je lui veux bien du mal de me priver du plaisir de vous voir, et que j'ai bien de l'estime en même temps pour elle, à cause de la vivacité de son attachement. Mon enfant qui a été fort touchée de ce sentiment, vous dit bien des choses. Vous avez une très bonne mémoire sur l'âge de vos amis. J'ai en effet 46 ans accomplis et je sens très bien que c'est l'âge où il faut être raisonnable Je m'y sens grande disposition aussi. Le jeune homme dont M. de La Condamine vous a parlé doit être M. Beront [Bézout !, cf. 20 juin 1759 (1)]. C'est un fort bon sujet mais on vous a trop vanté sa découverte, ce n'est au fond qu'une nouvelle façon de considérer le principe du c[om]te d'Arcy que sans doute vous connaissez. Lorsque plusieurs corps agissent les uns sur les autres, les aires qu'ils décrivent autour d'un point quelconque donné, étant chacune multipliées respectivement par la masse, donnent par leur somme un produit proportionnel au temps. Il croyait en démontrant ce théorème à sa manière et en arrivant à donner les équations qui expriment le problème des trois, avoir fait un pas pour la solution du problème. Mais je lui ai dit, et montré à l'Acad[émie] en même temps [cf. 23 juin 1759 (1)], que rien n'était si aisé de mettre ce problème en équations. Le diable est de les résoudre [C. 49 bis]. Je crois que l'on pourra bien attendre longtemps la solution directe et rigoureuse que l'on en demande. [C'est] que l'argent de M. de Lauragais [cf. 2 décembre 1758 (1)] ne sera pas de sitôt livré.

Je m'occupe toujours de mettre en ordre mon traité sur la comète [C. 51] qui va être prêt incessamment pour l'impression [cf. 8 août 1759 (1)]. Vous savez sans doute les tracasseries que j'ai essuyées. La jalousie de M. Le Monnier a été d'une activité inconcevable. M. d'Alembert m'a fait aussi l'honneur de chercher à me nuire. Il y a deux morceaux anonymes dans les journaux où je suis fort attaqué et l'on soupçonne véhément que c'est lui [cf. [c. mai] 1759 (2), [c. 15 juillet] 1759]. Plusieurs amis ont pris ma défense et ont écrit dans les journaux aussi [cf. 10 juillet 1759 (1), 3 août 1759 (1)].

Les observations sur la comète, et la détermination astronomique de ses éléments a occupé beaucoup tous nos astronomes et nos assemblées ont été fort remplies de ces matières. D'ailleurs, quelques mémoires d'histoire naturelle, de botanique, quelque peu de chimie, comme le moyen de faire de l'éther marin, de tirer du verre du borax.

Voilà tout ce que nous avons eu depuis longtemps. La physique expérimentale telle que vous l'aimez ne joue ici aucun rôle. On imprime l'ouvrage posthume du pauvre M. Bouguer [(Bouguer 60a)] dans lequel il y aura peut-être quelque chose d'analogue à ce dont vous me parlez sur la lumière. Ce faudrait cependant changer sur bien des notions si la lumière n'avait pas un effet inversement proportionnel au quarré des distances.

Je vous supplie de dire mille choses pour moi à M. votre frère [Jean II] qui m'a fait des reproches par M. de La Condamine que je ne mérite nullement [cf. 8 juillet 1759 (1)]. Je lui serai toujours très sincèrement attaché. Adieu mon très cher ami, continuez à me donner de vos nouvelles pour me dédommager l'entrevue que j'espérais (Boncompagni 94b).
Clairaut répond à une lettre perdue de Daniel Bernoulli.

Clairaut lui avait écrit le 10 avril (cf. 10 avril 1759 (1)).

La réponse de Daniel Bernoulli est perdue.

Daniel Bernoulli écrit à Clairaut le 14 juillet 1760 (cf. 14 juillet 1760 (1)).
Abréviations
  • C. 49 bis : Clairaut (Alexis-Claude), « Mémoire lu à l'Académie des sciences le 23 juin 1759. Contenant des réflexions sur le problème des trois corps, avec les équations différentielles qui expriment les conditions de ce problème », Journal des sçavans, août 1759, pp. 563-566 [Télécharger] [23 juin 1759 (1)] [19 novembre 1755 (1)] [19 janvier 1757 (2)] [Plus].
  • C. 51 : Clairaut (Alexis-Claude), Théorie du mouvement des comètes, dans lesquelles on a égard aux altérations que leurs orbites éprouvent par l'action des planètes. Avec l'application de cette théorie à la comète qui a été observée dans les années 1534, 1607, 1682 et 1759, Paris, Michel Lambert, s. d. [1760] [Télécharger] [8 août 1759 (1)] [(1 juillet) 20 juin [1731]] [6 avril 1743 (1)] [Plus].
Références
Courcelle (Olivier), « 4 août [1759] : Clairaut (Paris) écrit à Daniel Bernoulli », Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765) [En ligne], http://www.clairaut.com/n4aoutco1759cf.html [Notice publiée le 28 décembre 2010].