Alexis Clairaut (1713-1765)

Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765)


Clairaut et Dionis du Séjour
Clairaut est l'un des rapporteurs de (Dionis du Séjour 56) (cf. 14 mai 1755 (1), 11 juin 1755 (1), 15 juin 1755 (1))), et censeur de (Dionis du Séjour 61) (cf. 20 novembre 1760 (2), 16 juin 1761 (2)).

Clairaut est du comité de librairie qui examine un mémoire de Dionis du Séjour et Goudin sur les éclipses de Soleil (cf. 29 mai 1756 (2), 30 juillet 1757 (4)), et de celui qui examine un traité de gnomonique (cf. 3 septembre 1757 (1)).

Dionis du Séjour collabore discrètement aux calculs sur la comète (cf. [c. juin] 1757 (1)) et vient à la rescousse de Clairaut quand il est attaqué sur la question (cf. [c. mai] 1759 (1), 8 août 1759 (1), 11 août 1759 (1), Novembre 1760 (1), [c. décembre] 1761).

D'Alembert inclut implicitement Dionis du Séjour parmi les « disciples » de Clairaut qui ne sont « nullement versés dans les matières de la géométrie transcendante » (cf. 18 janvier 1762 (1)), ce que Clairaut dément (cf. [c. juin] 1762 (1)), alors bon... (cf. 5 juillet 1762 (1)).

Clairaut et Dionis du Séjour sont chez le notaire Fortier avec Ferner (cf. 30 mars 1761 (1)).

Le Gentil se réfère à des travaux de Clairaut et Dionis du Séjour (cf. 11 octobre [1763], 1 février 1767).

Clairaut fait part aux Dionis du Séjour de la bonne santé du comte Samuel Teleki (cf. 12 décembre 1763 (1)).

Clairaut adresse les compliments de Dionis du Séjour à Jean III Bernoulli (cf. 20 décembre 1763 (2)).

Dionis du Séjour et Clairaut ont tous deux entretenu des rapports avec Mlle Gouilly (cf. [c. juin] 1757 (2), 18-21 novembre [1766]). Son mari sera l'un des exécuteurs testamentaire du père de Dionis du Séjour (cf. AP, DQ10, 1655, dossier 124), le couple se voyant léguer vingt mille livres et la jouissance leur vie durant de la maison qu'il leur loue (cf. [c. juin] 1757 (2)).

Clairaut est désigné avec Lalande comme rapporteur d'un mémoire de Dionis du Séjour sur les éclipses (cf. 27 mars 1765 (1)), avant d'être remplacé à sa mort et réflexion (cf. 22 mai 1765 (1)) par d'Alembert (cf. 24 mai 1765 (1)).

Le père de Dionis du Séjour possédait une maison dans la même rue que Clairaut et signe son extrait mortuaire (18 mai 1765 (2)).

Dionis du Séjour est associé à l'Académie peu après la mort de Clairaut (le 26 juin 1765) et le remplace pour un rapport (cf. 24 juillet 1765 (1)).

Il est rapporteur d'un mémoire de Du Vaucel qui utilise les tables de la Lune de Clairaut (cf. 3 août 1765 (2)).

Ce sont probablement Dionis du Séjour et Goudin qui réagissent au portrait de Clairaut par Savérien (cf. [c. juin] 1766 (1), [c. juin] 1766 (2), 30 juin [1766], 18 septembre [1766], [c. août] 1766, 3 mars 1767 (1)).

Dionis du Séjour reprend C. 9 et C. 22 dans (Dionis du Séjour 78), ainsi que le note Cagnoli (cf. 5 décembre 1733 (1)), et ses travaux sur la Lune dans (Dionis du Séjour 70), (Dionis du séjour 71) (cf. 30 avril 1755 (1), 5 septembre 1764 (2)) et (Dionis du Séjour 80) (cf. 1780 (2)).

C'est un grand promoteur des travaux de Clairaut sur la Lune, ainsi que le note Montucla (cf. 7 juillet 1782 (1)), et son digne élève, selon le comte de Tressan (cf. 1791 (1)).

Dionis du Séjour selon Bailly :
M. du Séjour, ami et élève de M. Clairaut, a consacré, comme lui, ses travaux à l'astronomie. Jusqu'ici on n'avait calculé les éclipses, soit pour les prédire, soit pour en tirer des résultats, que par des méthodes graphiques, ou par des calculs trigonométriques: chaque éclipse exigeait une solution particulière ; M. du Séjour imagina de les réduire en formule algébrique, afin que la solution générale pût s'appliquer à tous les cas (Bailly 85, pp. 198-199).

Dionis du Séjour selon Lexell :
M. Dionis du Séjour est un petite homme, plein de feu et de vivacité, très agréable dans la société ; il a des saillies très naïves. Ses calculs sont assez connus ; leur plus grand défaut est la prolixité, qui fait que personne n'en fera usage ; Il a fait de bonnes choses dans le Parlement, comme il pense plus librement que se confrères, et on dit même que c'est à lui qu'on est redevable de ce qu'on a aboli la question [Louis XVI avait signé la déclaration qui abolissait la question préparatoire, c'est-à-dire la torture des accusés contre lesquels n'existait pas de preuve, mais il avait maintenu la question pour les criminels NDE]. Un tel homme ne mériterait-il plutôt une statue, que ces prétendus grands hommes, dont la célébrité vient qu'ils ont eu le bonheur malheureux d'égorger que grand quantité de leurs frères (Birembaut 57) ?

Dionis du Séjour selon Lalande :
Une seconde perte de 1794 est celle d'Achille-Pierre Dionis du Séjour, de l'Académie des sciences, des Académies de Londres, de Stockholm, de Gottingue, conseiller de grand' chambre au Parlement de Paris. Il était né dans cette capitale, le 11 janvier 1734, de Louis-Achille Dionis du Séjour, conseiller à la cour des aides, qui lui survécut, et qui jouissait depuis un grand nombre d'années de la réputation d'excellent magistrat. Il était parent, mais à un degré éloigné, de Pierre Dionis, premier chirurgien de la dauphine, connu par des ouvrages estimés, et de Mlle Dionis, auteur d'un poème charmant, quoiqu'en prose, intitulé l'Origine des grâces. Du Séjour fit ses études au collège des jésuites de Paris, de 1743 à 1750. Il fut reçu conseiller au Parlement le 21 avril 1758, d'abord à la quatrième chambre des enquêtes, puis, en 1779, à la grand' chambre. Malgré les fonctions de cette charge, il s'occupait, par goût, des calculs analytiques, surtout dans leur application à l'astronomie. Dès 1761, il publia, conjointement avec le C[itoy]en Goudin, un ouvrage qui contient des mémoires sur le calcul analytique des éclipses, les rétrogradations des planètes, et la gnomonique.
En 1765, il fut reçu de l'Académie comme associe libre. Ses confrères au Parlement prétendaient qu'il ne devait accepter qu'une place d'honoraire ; mais il ne tint pas compte de cette vanité : il trouvait honorable d'appartenir à cette réunion de savants, sous quelque dénomination que ce fût ; il voulut même ensuite être associé ordinaire, pour ne pas occuper une place qui, paraissant plus distinguée à certaines personnes, lui semblait par-là même être moins digne de lui.
Dans la même année, il entreprit un travail qu'il suivit pendant trente ans avec autant d'assiduité que de succès ; c'est l'usage de l'analyse algébrique appliquée à toutes les branches de l'astronomie.
[…]
L'usage de l'analyse pour l'astronomie ne suffisait pas encore au zèle de cet habile géomètre ; la résolution générale des équations, dont on s'occupe depuis un siècle, attira son attention. II me fit voir, peu de temps avant sa mort, un grand mémoire sur le cinquième degré, où il en développe tous les cas, où il donne la solution de tous ceux où elle est possible, et le caractère des racines pour tous les autres ; il n'attendait qu'une occasion de publier ce travail, pour s'occuper du sixième degré. Il m'a fait l'honneur de demander que ce mémoire me fût remis : mais le C[itoye]n Leblanc [!] n'a pas voulu me le remettre ; et les géomètres qu'il a consultés ont pensé que ce mémoire n'était pas en état de paraître.
C'est au milieu de ces utiles travaux, avec l'apparence d'une santé robuste, qu'il fut attaqué d'une fièvre maligne [!]. Ses inquiétudes, depuis qu'on avait fait périr Freteau, son confrère au Parlement et à l'Assemblée constituante, rendirent sa maladie plus dangereuse, et il en mourut le 22 août [6 fructidor an II selon Matagrin (cf. plus bas) = 23 août 1794 !], à l'âge de soixante ans, dans sa campagne d'Angerville [Argeville !] près de Fontainebleau, qui avait appartenu au fameux lord Bolingbroke [!].
Du Séjour est digne de nos regrets, non seulement comme géomètre, mais comme citoyen. On était surpris, au Parlement, de la manière dont il rapportait les procès, et de la quantité d'affaires qu'il expédiait. Nommé député de la noblesse à l'Assemblée constituante, il y porta le désintéressement d'un philosophe, et il fut toujours du nombre de ceux qui sacrifiaient au bien public et à l'égalité les privilèges dont le tiers-état réclamait l'abolition.
Sa philosophie et son humanité se signalèrent plus d'une fois dans les jugements criminels de la Tournelle, où il y avait encore des magistrats qu'une dévotion aveugle rendait féroces. Un prêtre de province, en mettant une hostie dans l'ostensoir au salut de l'après-midi, avait de la peine à la faire entrer ; il lui échappa de dire, Entre donc.... avec un mot qui ne s'imprime point. Il fut entendu et dénoncé. Le lieutenant criminel, obligé de suivre la rigueur des anciennes ordonnances, le condamna à mort. Heureusement il y avait appel, et du Séjour était de Tournelle. Il jouissait d'une considération bien méritée ; il fit réformer la sentence, et le prêtre imprudent en fut quitte pour une année de séminaire. C'est de du Séjour même que je tiens cette anecdote.
Son caractère, sa simplicité, sa bienfaisance, le rendirent cher à tous les habitants de sa campagne. Ce savant avait l'air distrait ; et il l'était effectivement, probablement à raison de ses occupations. Cependant il était extrêmement agréable dans la société ; il plaisantait continuellement, et toujours avec esprit ; il raillait souvent même les personnes les plus élevées en dignité : la charge qu'il remplissait lui donnait une liberté dont ses confrères abusaient ; car les dispensateurs de la justice exerçaient souvent une aristocratie humiliante pour les autres.
Du Séjour était simple autant qu'il était juste et savant ; il n'y avait rien dans son costume ni dans ses manières qui annonçât un grand savoir, une grande place et une grande fortune ; il était supérieur à tout cela : ce sera le dernier trait de son éloge (Lalande 03, pp. 750-752).

Le mémoire sur les équations algébriques qu'évoque Lalande, présenté par le « c[itoye]n Caussin » est examiné à la demande des « héritiers de feu M. du Séjour » par Legendre, Bossut et Cousin à l'Académie le 1 prairial an VII. Il résulte de leur examen que « le manuscrit de du Séjour concernant les équations du 5e et 6e degré n'est que le canevas d'un travail auquel l'auteur n'a pas eu le temps de mettre la dernière main et qu'il n'aurait pas sans doute consenti à imprimer dans l'état où il est. » À la suite de quoi « la Classe entend la lecture d'une lettre du C[itoye]n Le Blanc, notre confère, dans laquelle il se plaint d'un inculpation qui lui est faite par un membre de la première classe, au sujet du manuscrit de du Séjour. Il rappelle que c'est lui-même qui a invité la classe à faire examiner cet ouvrage, et demande que l'on prononce de manière à le mettre à l'abri de toute persécution et inculpation sur cet objet. La classe arrête qu'il sera envoyé au c[itoye]n Le Blanc copie du rapport qui vient d'être lu (Procès-verbaux des séances de l'Académie tenues depuis la fondation de l'Institut jusqu'au mois d'août 1835 (1795-1835), vol. 1, pp. 534, 579-580).

Lalande donne aussi un éloge de Dionis du Séjour dans (Lalande 95) et (Lalande 97).

Lalande ne mentionne pas la participation de Dionis du Séjour aux calculs du retour de la comète de 1759 (cf. [c. juin] 1757 (1)).

Il se trouve pas d'accord Matagrin sur le lieu, la date et la cause de sa mort :
La famille Dionis du Séjour, qui s'allia à la famille de mon père (la sœur de mon père, Aline Matagrin, se maria en effet, en 1837 avec Alexandre-Pierre Dionis du Séjour, qui fut procureur du Roi et juge de paix à Paris) remontait à une haute antiquité. […] Au moment de la Révolution, Achille-Pierre Dionis du Séjour fut, comme tous ses collègues de l'Assemblée Constituante, condamné à mort. Dénoncé par son ami Condorcet qui, arrêté à Clamart avait, pour se sauver, fourni un faux nom en prétendant qu'il était homme de confiance de M. Dionis du Séjour et qu'il retournait près de lui à Vernou, l'ancien Conseiller en Parlement se crut perdu. Condorcet s'était empoisonné dans sa prison de Bourg-la-Reine. Dionis du Séjour suivit son exemple et il succomba au château d'Argeville [qui appartint à la famille Héron de 1719 à 1785 puis à Achille-Pierre Dionis du Séjour], où il s'était réfugié, le 6 fructidor an II, sous l'influence du poison qu'il avait absorbé. Voici la copie de son acte de décès, relevé sur les registres des actes de l'état civil de Vernou : « Ce jourd'hui sept fructidor an II de la République, une et indivisible, à hui heures du matin, par devant moi […] sont comparus […] lesquels m'ont déclaré que Achille-Pierre Dionis, [ci]-devant membre de l'Assemblée Constituante, âgé de 61 ans, est mort hier à une heure après minuit, dans ladite maison d'Argeville. » […] On a prétendu, sans que je puisse affirmer le fait sur une preuve, que Dionis du Séjour, ayant appris que Robespierre était mort, alors qu'il était lui-même sur le point de mourir, sentant que par cette mort sa vie à lui ne serait plus en danger, manda en toute hâte l'ancien curé Ollivier à son chevet et lui dit : « Ollivier, sauve -moi et je te donne ma fortune. » Il était trop tard, le poison avait fait son œuvre (Matagrin 91, pp. 111, 119, 125 128-130).
Abréviations
  • C. 9 : Clairaut (Alexis-Claude), « Détermination géométrique de la perpendiculaire à la méridienne tracée par M. Cassini avec plusieurs méthodes d'en tirer la grandeur et la figure de la Terre », HARS 1733 (1735), Mém., pp. 406-416 [Télécharger] [5 décembre 1733 (1)] [9 décembre 1733 (1)] [Plus].
  • C. 22 : Clairaut (Alexis-Claude), « Suite d'un mémoire donné en 1733, qui a pour titre : Détermination géométrique de la perpendiculaire à la méridienne, etc. », HARS 1739 (1741), Mém., pp. 83-96 [Télécharger] [21 mars 1739 (1)] [5 décembre 1733 (1)] [Plus].
  • HARS 17.. : Histoire de l'Académie royale des sciences [de Paris] pour l'année 17.., avec les mémoires...
  • Mém. : Partie Mémoires de HARS 17..
  • NDE : Note de l'éditeur.
Références
  • Bailly (Jean-Sylvain), Histoire de l'astronomie moderne, vol. 3, Paris, 1785 [Télécharger] [3 septembre 1735 (1)] [3 mars 1738 (1)] [Plus].
  • Birembaut (Arthur), « L'Académie royale des sciences en 1780 vue par l'astronome suédois Lexell (1740-1784) », Revue d'histoire des sciences et de leurs applications, 10 (1957) 148-166 [Télécharger].
  • Dionis du Séjour (Achille-Pierre), Goudin (Mathieu-Bernard), Traité des courbes algébriques, Paris, 1756 [14 mai 1755 (1)] [Plus].
  • Dionis du Séjour (Achille-Pierre), Goudin (Mathieu-Bernard), Recherches sur la gnomonique, Paris, 1761 [20 novembre 1760 (2)] [Plus].
  • Dionis du Séjour (Achille-Pierre), « Nouvelles méthodes analytiques pour calculer les éclipses de Soleil, les occultations des étoiles fixes et des planètes par la Lune, et en général pour réduire les observations de cet astre faites à la surface de la Terre, au lieu vu du centre. Huitième mémoire, dans lequel on applique à la solution de plusieurs problème astronomiques, les équations démontrées dans les mémoires précédents », HARS 1770, Mém., pp. 257-392 [Télécharger] [30 avril 1755 (1)] [Plus].
  • Dionis du Séjour (Achille-Pierre), « Nouvelles méthodes analytiques pour résoudre différentes questions astronomiques. Treizième mémoire dans lequel on applique les latitudes corrigées à la solution de plusieurs problèmes géométriques, et particulièrement au calcul de la perpendiculaire à la méridienne, et des loxodromiques, dans l'hypothèse de la Terre elliptique », HARS 1778, Mém., pp. 73-192, 3 pl [Télécharger] [5 décembre 1733 (1)] [21 mars 1739 (1)] [Plus].
  • Dionis du Séjour (Achille-Pierre), « Nouvelles méthodes analytiques pour résoudre différentes questions astronomiques. Quinzième mémoire, dans lequel on applique aux observations de l'éclipse du 1er avril 1764 les formules analytiques démontrées dans les mémoires précédents », HARS 1780, Mém., pp. 129-240 [Télécharger] [1780 (2)].
  • Lalande (Joseph Jérôme Le François de), « [Éloge Achille-Pierre du Séjour] », Magazin encyclopédique ou Journal des lettres, des sciences et des arts, 1795, vol. 1, pp. 31-34 [Télécharger].
  • Lalande (Joseph Jérôme Le François de), « [Éloge Achille-Pierre du Séjour] », Connaissance des temps à l'usage des astronomes et des navigateurs pour l'année sextile VIIe de la république, Paris, 1797, pp. 312-318.
  • Lalande (Joseph Jérôme Le François de), Bibliographie astronomique avec l'histoire de l'astronomie depuis 1781 jusqu'à 1802, Paris, 1803 [Télécharger] [29 avril 1733 (1)] [21 août 1737 (2)] [Plus].
  • Matagrin (Franck), Vernou et ses environs, Res Universis, 1991 [[c. juin] 1757 (2)] [Plus].
Courcelle (Olivier), « Clairaut et Dionis du Séjour », Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765) [En ligne], http://www.clairaut.com/dionis.html [Notice publiée le 28 janvier 2012].